Par Valentin Dujoux, co-président des Jeunes Vert.e.s Genève et candidat au Conseil national. Ce texte est paru dans la TdG le 24 septembre 2019.

En moins de 48 heures, deux articles ont démontré à quel point certains lobbys ne saisissent pas  l’importance de l’urgence climatique. A l’heure où le climat s’emballe, et où les inégalités se creusent, il serait peut-être temps de revoir les priorités. Les larmes de crocodile des lobbys d’un autre âge, parlons-en.

Arrêtons la fuite en avant

En Suisse, l’argument comme quoi toute mesure progressive – du congé paternité, à une économie verte en passant par l’instauration d’un Revenu de Base Inconditionnel – mettrait en danger notre économie est monnaie-courante. Or, celui-ci est avant tout une fuite en avant qui traduit à quel point nous avons pris du retard dans de nombreux domaines.

A Genève, la question de la mobilité est un sujet que peu de monde ose aborder de front. Tout comme la question du développement de l’aéroport pour lequel on annonce un vol toutes les 90 secondes à l’Horizon 2030. Or, il s’agit d’un levier important pour pacifier de larges zones habitées du Canton et d’au-delà nos frontières cantonales. Alors que le Grand Conseil a voté dernièrement, à une large majorité regroupant 5 partis, une suppression de 4’000 places de parking en surface, deux organisations se lancent dans un combat d’un autre âge par référendum. Soit. Mais à ce titre, faut-il rappeler qu’en Suisse, les transports émettent 32% des émissions de gaz à effet de serre, hors aviation ? Faut-il rappeler que les voitures individuelles et les avions totalisent à eux deux en 2017 plus de 16 millions de tonnes de gaz à effet de serre en Suisse ?

Changeons nos priorités

La Ville n’est plus un lieu de passage et le canton n’est pas un réceptacle à kérosène et autres gaz mortels. Car oui, s’il a bien un discours à tenir, et une vérité à rappeler, c’est que la pollution tue.

Les combats d’un autre âge et les discours alarmistes ne sont pas du côté des défenseurs du climat, mais bien des nostalgiques d’une ère qui n’existe plus. Et ce constat peut être étendu aux compagnies aériennes. Ce lundi, c’est Swiss qui affirme qu’une taxe nationale sur les billets d’avion nuirait à l’économie. Si je ne suis pas favorable à une taxe bête et méchante, je pense néanmoins que celle-ci est nécessaire et devra être pondérée. Par ailleurs, d’autres leviers comme le fait d’intégrer la TVA dans le prix des billets ainsi que la taxation du kérosène doivent également être réalisés.

L’aviation ne sera pas plus propre grâce aux efforts des aéroports, des compagnies aériennes ou des avions. La voiture ne sera pas plus propre grâce à ses constructeurs, qui au passage, trichent sur leurs tests, ou grâce aux batteries électriques dont on ne sait que faire.  Ces modes de transport, tels qu’on les connaît aujourd’hui, sont des moyens de transport polluants. Quoi qu’en disent les actions de greenwashing.

Développons ensemble

Des mesures concrètes devront être, et seront prises. Tôt ou tard. Et si personne n’a le monopole de l’écologie, alors développons ensemble un avenir où les changements à opérer ne se feront pas de force et à gros coups d’impacts financiers.

Il n’est pas question d’interdire les voitures partout. Il n’est pas non plus question d’arrêter de prendre l’avion. Rien ne se fait dans la décision bête et méchante. Mais réfléchissons ensemble aux conditions où ces moyens de transport demeurent nécessaires, et à l’immense majorité où ils sont plus que superflus.

Ce tournant, c’est ensemble qu’il nous faut le prendre. Et si les lobbys et leurs ami-e-s au Parlement feignent de jouer aux sourd-e-s, rappelons-leur concrètement qu’il faut arrêter les fausses excuses, les belles promesses et les demi-mesures.

Au final, si l’argument d’une économie vulnérable ressort à chaque fois, c’est parce qu’à force d’attendre, la facture sociale et économique deviendra d’autant plus douloureuse. Le changement ne résulte pas de la volonté individuelle. Si tel était le cas, ce discours digne des plus grands libéraux des années 80 n’aurait plus sa place en 2019.

Les larmes de crocodile des lobbys d’un autre âge, oui parlons-en. Parce que si tout le monde parle d’écologie, il s’agit pourtant de rappeler qui sont les pollueurs, et qui sont les acteurs du changement. Et que ce soit clair, les lobbys économiques restent coincés dans leur étroite vérité.