Cent ans après la naissance du fascisme, la Suisse a encore un important travail de mémoire à effectuer et de nombreuses injustices à reconnaître. C’est dans ce sens que Lisa Mazzone, conseillère aux Etats verte, et Stefanie Prezioso, conseillère nationale Ensemble à Gauche, ont déposé des initiatives parlementaires dans les deux Chambres, en cette date symbolique de l’Appel du 18 Juin, visant la réhabilitation des Suisses ayant combattu dans la Résistance française.

En 2009, le Parlement prenait la décision de réhabiliter les combattants suisses ayant lutté aux côtés des forces républicaines lors de la guerre civile espagnole. L’initiative parlementaire 06.461 à l’origine de cette décision prévoyait d’inclure ceux qui s’étaient engagés du côté de la Résistance française, mais, par manque d’informations et de recherches historiques, le Parlement avait décidé d’écarter ce groupe de la réhabilitation. Les lacunes d’alors sont désormais comblées par des recherches approfondies des profils et motivations des Suisses engagés au sein de la Résistance, notamment grâce aux travaux de l’historien Peter Huber.

Deux cents condamnés
Se basant principalement sur les archives des tribunaux militaires suisses, ce dernier a identifié 466 Suisses enrôlés dans la Résistance intérieure (FFI) ou dans les Forces françaises libres (FFL) du général de Gaulle. Loin des frontières suisses, ils ont lutté avec les alliés, risqué leur vie et contribué en fin de compte à la chute des régimes fascistes en Europe. Environ 200 de ces résistants seront condamnés une fois de retour en Suisse à des peines de prison avec ou sans sursis. De plus, certains seront expulsés de l’armée, d’autres privés de leurs droits politiques, alors qu’une partie des résistants resteront sur territoire français pour échapper à ces sanctions. Finalement, parmi les engagés, une partie tombera au combat, alors que la Suisse les avait déjà condamnés par contumace en attendant leur retour. 

Reconnaître l’engagement des résistants
Cette réhabilitation formelle, sans réparation, permettra de marquer notre reconnaissance à l’égard de ces combattants qui ont contribué à libérer l’Europe du fascisme, à l’instar de la loi de 2009 ainsi que de la loi de 2003 sur la réhabilitation des personnes ayant sauvé des réfugié-e-s ou lutté contre le nazisme.

Les deux initiatives déposées visent à reconnaître symboliquement l’engagement de ces citoyens suisses qui ont risqué ou ont payé de leur vie la lutte contre le fascisme en défense de la liberté, de la démocratie et de l’égalité.

Lisa Mazzone, conseillère aux Etats Les Vert-e-s
« Cent ans après la naissance du fascisme, la Suisse a encore un important travail de mémoire à effectuer et de nombreuses injustices à reconnaître. »

Stéfanie Prezioso, conseillère nationale EàG
« Les deux initiatives déposées visent à reconnaître symboliquement l’engagement de ces citoyens suisses qui ont risqué ou ont payé de leur vie la lutte contre le fascisme, en défense de la liberté, de la démocratie et de l’égalité »