Par Yvan Rochat, candidat au Conseil d’Etat. Article « Fleur dans les pavés? » paru dans la Tribune de Genève le 11 avril 2018

Genève au mois de mai 1968. On y vit s’organiser les journées de la défense nationale, les manifestations pour les dénoncer, le débat au Grand Conseil où droite et gauche s’écharpèrent sur la responsabilité des uns, les violences des autres (déjà les casseurs) et les provocations de tiers. En grande pompe, on inaugura la nouvelle aérogare de Cointrin et dans la foulée on nomma l’artère qui la desservait du nom d’un conseiller d’État promoteur de l’aéroport, Louis Casaï. Le 27 mai fut mis en fonction le nouvel office postal du Lignon, quartier flambant neuf de la Rive droite récemment sorti de terre et pouvant accueillir 10 000 habitants. Genève au printemps 2018, certes on est en pleine campagne pour le renouvellement des autorités cantonales, mais pas seulement. Les casseurs sont toujours là, ils ont notamment sévi lors d’une manifestation contre la spéculation immobilière avec à sa tête le maire de Genève, ire quelque peu surjouée de la droite, ricanement du principal intéressé. L’aéroport, ses objectifs initiaux de doter Genève d’une infrastructure de transport utile à nos organisations internationales sont dévoyés depuis une bonne dizaine d’années. Un modèle économique low cost s’est imposé, désastreux pour notre réputation, notre économie et les quelque 100 000 riverains impactés par des nuisances qui ne cessent d’augmenter. Tant la direction que le Conseil d’État sont dénués de vouloir et de pouvoir face aux intérêts à court terme imposés depuis Berne. Quant aux bureaux de poste, on annonce leur fermeture par vingtaines alors que de nouveaux quartiers sortent de terre. Le public afflue, le service public reflue… Genève, pour ces cinq prochaines années et celles qui suivront. Je me battrai au Conseil d’État et ne laisserai pas la fatalité des «ça c’est toujours passé ainsi», «c’est inéluctable, on ne peut rien y faire», «on a toujours fait comme ça» recouvrir de poussière notre Canton. Notre vie politique doit se recentrer. J’incarnerai cette posture-là pour travailler avec celles et ceux qui répugnent à la course aux extrêmes pour tenter de grappiller des voix auprès des partis démagogiques. Notre développement doit se recentrer. Autour d’actions et de projets où la quantité et l’immédiateté cesseront d’imposer leur dogme pour laisser la place à ce qui peut durer, améliorer notre environnement, soigner nos maux, renforcer notre cohésion sociale. Notre action politique doit se recentrer sur les enjeux fondamentaux que nous avons à affronter. La politique du gadget et l’hypercommunication doivent laisser la place à la mise en œuvre de nos priorités. Établir une fiscalité qui nous permette de reprendre le contrôle de notre développement, coordonner ce dernier à notre capacité à l’accompagner des infrastructures nécessaires et durables enfin, cesser la politique du chiffre et définir la qualité comme l’étalon de nos politiques publiques.