Marjorie de Chastonay

Motion déposée par Marjorie de Chastonay en février 2022

Texte complet: M 2825

Exposé des motifs:

Le 17 décembre dernier, le Conseil fédéral a introduit une modification de
l’ordonnance sur les rayonnements non ionisants (ORNI). Cette demande est
censée répondre aux demandes formulées dans la lettre du Conseil d’Etat
genevois adressée le 28 novembre 2021 à la conseillère fédérale Simonetta
Sommaruga.

Si elle y répond sur la forme (modification de l’ORNI), sur le fond et sur
la sécurité du droit, par contre, la situation est tout autre.

  • Sous prétexte qu’il s’agit d’une modification de détail (modification de
    l’annexe 1), le Conseil fédéral s’est abstenu de présenter cette
    modification aux partenaires (ou même aux parlementaires fédéraux)
    alors même qu’elle permet aux opérateurs des dépassements des valeurs
    d’émission considérables pour les antennes adaptatives (5G), hors de tout
    contrôle démocratique.
  • L’introduction d’un « facteur de correction » permet aux opérateurs de
    dépasser de manière irrégulière la valeur limite prescrite pour la puissance
    des antennes adaptatives, tant que celle-ci est respectée en moyenne. Les
    valeurs annoncées à ce stade semblent faibles sur le papier, mais, si on les
    rapporte à la possibilité de dépassement sur 24 heures, la possibilité de
    dépasser la valeur limite jusqu’à 30 V/m est considérable (voir
    tableau en annexe) alors que la valeur limite fixée par l’ORNI dans
    les lieux d’utilisation sensibles est de 5 V/m. Cette annexe fait mention
    de la réalité des dépassements possibles sur une journée (moyenne sur
    6 minutes). C’est, en effet, la même réalité que l’on vit avec le bruit où
    c’est la moyenne qui est prise en considération et pas (ou très peu) les
    pics qui créent le plus de nuisances, voire d’atteintes réelles à la santé de
    la population.
  • De plus, ces dépassements sont considérés comme licites par une simple
    « procédure d’annonce » de la part des opérateurs, sans aucun contrôle
    ultérieur et aucune voie de recours. Ce qui équivaut à vider de sa substance la teneur de l’ORNI (en particulier l’article 64 de son annexe,
    qui fixe les valeurs limites d’émission), en exemptant toute nouvelle
    installation d’antenne adaptative des limites de procédure de mise à
    l’enquête, et ceci sans voie de recours démocratique possible (on est bien
    loin de la sécurité du droit) ; alors qu’a contrario la Conférence des
    directeurs des travaux publics (DTAP) a recommandé, dans sa décision
    du 23 septembre 2021, que toutes les nouvelles installations d’antennes
    adaptatives fassent l’objet d’une mise à l’enquête en bonne et due forme,
    selon les procédures d’application cantonales respectives.

Compte tenu de ce qui précède, cette motion invite le Conseil d’Etat à :

  1. protester vivement auprès du Conseil fédéral contre cette modification qui
    n’assure aucunement la sécurité du droit, mais vide de sa substance
    l’article 64 de l’annexe 1 de l’ORNI définissant les valeurs limites
    d’émission ;
  2. agir auprès de la DTAP et du Conseil fédéral pour que la recommandation
    du DTAP d’avril 2021 devienne la norme officielle pour les installations
    et modifications d’antenne adaptatives (soit la mise à l’enquête de toutes
    les modifications et installations).