Echo du Grand Conseil rédigé par Jean Rossiaud, député

Première séance du Grand Conseil après le confinement. Au CICG, dans une salle permettant de conserver la distance physique requise. Des conditions étranges, comme nul n’en avait jamais connues. Des sourires polis, crispsés. Une ambiance froide, que l’on voudrait asceptisée. A la pause, on mange par table de 4 au maximum, on se regarde de coin, la méfiance est de mise. Une personne éternue et le silence se fait.

Gageons que cela ne durera pas et que la politique reprendra ses droits et ses habitudes, les bonnes comme les mauvaises, et que l’état de sidération qui était encore perceptible à cette reprise laissera vite la place à des empoignades verbales plus hautes en couleur, à l’image de la brillante intervention de Paloma Tschudi contre le soutien insensé au Salon de l’auto.

Cette première session a été marquée par l’élection de François Lefort, à la Présidence de notre Grand Conseil. Bravo François et bonne année de présidence ! Avec Antonio Hodgers à la Présidence du Conseil d’Etat, nous les Vert.e.s démontrons que nous sommes prêt.e.s à la fois à occuper des places institutionnelles clés, et à nous engager pleinement dans la vague verte : la crise nous donne l’opportunité de ne pas relancer l’économie comme avant !

Le premier citoyen du Canton pourra donc veiller au grain, et rappeler depuis le perchoir qu’il est impératif que les mesures économiques pour sortir de la crise s’inscrivent dans le plan Climat, en mettant en œuvre si possible les propositions que notre groupe parlementaire a communiquées récemment. Relisez son discours d’intronisation en suivant ce lien.

Une grande partie des débats a porté sur la crise sanitaire et la crise économique occasionnées  par les mesures de confinement. Le Grand Conseil devait valider que le Conseil d’Etat avait bien été légitime à déclarer l « état de nécessité » (l’Art. 113 de la Constitution genevoise qui définit l’Etat de nécessité et autorise le Conseil d’Etat à prendre les mesures nécessaires pour protéger la population et d’en informer le Grand Conseil.

Effectivement, le Conseil d’Etat a pris les mesures qui s’imposaient, et la majorité des Vert.e.s estime qu’il a pris finalement des décisions globalement raisonnables, alors qu’il était – à l’instar du Conseil fédéral – dans une très grande incertitude.

Le Conseil d’Etat a fait ce qu’il a pu, les Vert.e.s l’en remercie : sa marge de manœuvre – laissée par les directives fédérales – était d’ailleurs assez restreinte. Cependant, d’après la Constitution, cela aurait été au Grand Conseil de constater la situation extraordinaire. Mais le Conseil d’Etat a jugé que les conditions sanitaires ne le permettaient pas. Le Grand Conseil n’a pas pu user de sa compétence et je ne peux que le regretter. Certains députés ont émis immédiatement l’avis que nous aurions pu et dû nous réunir plus vite, alors que les grandes salles comme celle dans laquelle nous siégions ce jour, ou des auditoires universitaires étaient disponibles avec la cessation des activités liées aux mesures de confinement.

Enfin, Le Grand Conseil a dû valider le fait que les mesures prises en « état de nécessité » par le Conseil d’Etat étaient bien valides, et c’est ce qu’il a fait.

Le Grand Conseil ne s’est pas prononcé sur la gestion par le Conseil d’Etat de la situation extraordinaire. Cet examen devra se faire plus tard, probablement en Commission de Contrôle de gestion, afin de comprendre comment faire mieux face à la prochaine crise, déjà annoncée.

En effet, cette situation est préoccupante, les épidémies comme les autres risques sanitaires et environnementaux ne sont pas pris en compte, encore moins évalués, dans la matrice des risques de l’Etat de Genève et il n’y a donc aucun contrôle interne mis en place, à aucun échelon politique ni administratif, qui puisse se saisir des procédures à mettre en place, ni évaluer les coûts financiers de ces mesures. Le confinement évidemment est l’une de ces mesures.

Devant prendre ses directives sans aucune préparation, le Conseil d’Etat – à l’instar du Conseil fédéral – s’est vu dans l’obligation de prendre les décisions politiques, en s’en remettant aux « experts » qui sont par définition incompétents pour traiter des problématiques « globalement », c’est-à dire hors de leur champ d’expertise. Qui pourrait aujourd’hui reprocher cette attitude au Conseil d’Etat ? Personne ! Qui pourrait la reprocher aux experts : personne !

C’est l’état d’impréparation qui a généré l’incertitude, et c’est l’incertitude qui a généré la peur. Et c’est ce que devra étudier la commission de Contrôle de gestion, et notamment sur les mesures spécifiques (non fermeture de l’aéroport, manque de gel hydro-alcoolique, pénurie de masques, manque de tests, etc.).

Par ailleurs, dans les travaux de commission, Antonio Hodgers, en tant que Président du Conseil d’Etat,  a annoncé que la sortie définitive du Covid-19 ne se fera pas sans vaccin généralisé. Or une grande partie de la population et des Vert.e.s ne sont pas favorable aux mesures de vaccination généralisée et ce type de mesure mérite un large débat démocratique.

Pour conclure, je laisserai la parole à notre Chef de Groupe, Pierre Eckert : « Les priorités des Vert.e.s pour la sortie de crise sont basées sur des perspectives à moyen terme mais dont il faut débuter la mise en œuvre dès aujourd’hui. Plus spécifiquement il s’agit des volets résilience et transition de notre plan. L’urgence impose toutefois de tenter de sauvegarder certains pans de l’économie locale et d’apporter un important soutien social. Dans cette situation, nous pensons que nous pouvons nous appuyer sur l’intelligence collective, moins partisane que d’habitude, pour être utiles à l’ensemble de la population genevoise. Pour ce qui est du redéploiement économique, nous resterons strictement dans les limites de nos valeurs environnementales et sociales, le monde d’après devant se distancier clairement du monde d’avant, qui était marqué par sa fuite en avant dans la surconsommation. »

Amplifions la vague Verte : ne recommençons pas comme avant !