Le sujet en bref

Pas de crèche au rabais. Ce projet souhaite autoriser les structures d’accueil non-signataires d’une CCT, comme les crèches privées, à embaucher du personnel au salaire minimum en vigueur, alors que les salaires de la branche qui respectent les CCT sont plus élevés. Il s’agit d’une attaque directe aux conditions salariales du personnel de crèches et aux acquis sociaux.

De quoi s’agit-il ?

Cette loi a pour but de modifier la loi sur l’accueil préscolaire (LAPr) afin d’autoriser les structures d’accueil non-signataires d’une convention collective de travail (autrement dit les crèches privées) à embaucher du personnel au salaire minimum en vigueur, au lieu de proposer des salaires respectant les usages de la branche qui, dans un but d’équité, s’alignent sur les conditions de la Ville de Genève. Ce texte, initié par le PLR, avait été à l’origine refusé en commission lors de la précédente législature, mais a ensuite été voté en plénière par la droite élargie, suite au renversement de majorité du Grand Conseil et notamment grâce au soutien de LJS.

Pourquoi dire non ?

  • Pénurie de places et pénurie de personnel

S’il manque aujourd’hui plus de 3’200 places de crèche pour satisfaire la demande dans le canton de Genève, il est inadmissible d’utiliser cet argument pour baisser le salaire des collaborateur-rice-s du secteur. Ce projet ne créera pas de nouvelles places de crèches. Même s’il existe effectivement une pénurie de places d’accueil, il existe également une pénurie de main d’œuvre. Diminuer les salaires de la petite enfance n’encouragera pas la relève à venir travailler dans ce domaine, d’autant plus avec les importantes responsabilités associées. De plus, la plupart des crèches privées répondant à un modèle économique, leurs coûts ne baisseront pas pour autant.

  • Dégradation des conditions d’encadrement des enfants

Il est crucial de reconnaître l’importance d’une formation adéquate et d’une rémunération équitable pour tous les professionnels de la petite enfance. En faisant baisser les salaires de la branche, cette loi va péjorer les conditions de travail et par extension les conditions d’accueil des enfants. Il est essentiel de trouver des solutions plus globales et durables pour résoudre la problématique des places d’accueil et garantir la qualité des services offerts aux enfants et aux parents.

  • Attaque sur le partenariat social et injustices au sein d’une même profession

C’est une attaque aux acquis sociaux d’un personnel qui s’occupe d’un public déjà vulnérable. La mise en place de cette loi constitue le premier pas vers une destruction progressive du socle minimal des conditions de travail pour les crèches, et plus généralement par rapport à toutes les conditions collectives de travail (CCT). Le but de la droite est d’aller à terme vers la libéralisation. De plus, déroger aux règles salariales établies pour un seul secteur d’activité est injuste et pourrait entraîner des conséquences imprévues.

  • Enjeux féministes

Le secteur de la petite enfance étant très féminisé, les femmes seront les premières touchées par ce changement des conditions salariales et, par extension, de leur pouvoir d’achat.

Par Sophie Bobillier, députée et Céline Bartolomucci, députée suppléante