Il est temps d’accepter les détenteurs de permis C à la police, réalisant ainsi la motion votée par une large majorité du parlement en 2008.

S’il y a, sur la police, ne serait-ce qu’un seul consensus au Grand Conseil, au Conseil d’Etat, mais aussi probablement au sein de la population, c’est qu’il faut augmenter les effectifs de police, sous doté chroniquement depuis des années, voire des décennies. Cet objectif est d’autant plus nécessaire suite à l’adoption de la nouvelle loi et des nouvelles missions et tâches assignées à la police par cette réforme. Or cette augmentation des effectifs de police se heurte à un problème de recrutement. Le même souci apparait également ailleurs en Suisse, mais s’il est plus criant à Genève que dans les autres cantons, c’est tout simplement parce qu’on renonce à un nombre important de candidatures potentielles que représentent les 40% d’étrangers qui habitent notre canton.

Certes, une ouverture a eu lieu, puisque l’on a permis aux titulaires de permis C de faire l’école de police et d’être naturalisés à la fin, mais cette possibilité a rencontré assez peu de succès et pour cause : elle ne permet pas à l’aspirant de devenir policier tout en restant de nationalité étrangère. Le contre-exemple nous est donné par les ASP. En effet, lorsqu’on ces derniers ont pu conserver leur nationalité d’origine, on a pu constater une forte augmentation des postulations.

Mais l’augmentation des effectifs n’est pas le seul argument plaidant pour cette modification. En effet, cette modification faciliterait le dialogue de la police avec les communautés étrangères. La police serait ainsi plus représentative de la diversité genevoise, ce qui est pourtant une exigence de la nouvelle loi, une diversité à laquelle la police genevoise est confrontée tous les jours.

On nous présente la situation actuelle comme un dogme immuable et  consubstantiel à la fonction de policier, mais c’est oublier, -remerciement au conseiller d’Etat Pierre Maudet de nous l’avoir rappelé-, qu’au XIXe siècle, la loi prévoyait qu’il pouvait y avoir jusqu’à un cinquième d’étrangers dans la police genevoise. Actuellement, et depuis 1997, Bâle-ville, dans une situation semblable à Genève par bien des égards, autorise les détenteurs de permis C à être membres de sa police cantonale, à la satisfaction non seulement des habitants, mais aussi de la police et des pouvoirs politiques.

Depuis, les cantons de Schwyz, Neuchâtel et du Jura ont suivi cet exemple, et il est temps d’en faire de même. A Genève, les Verts avaient déjà déposé en 2004 une motion dans ce sens demandant que les titulaires d’un permis C puissent être fonctionnaires de police, et cette proposition avait été acceptée par une large majorité en 2008.

Genève compte plus de 100 000 personnes au bénéfice d’un permis C. La connaissance de langues et de mentalités proches de leur culture d’origine permettrait à ces nouveaux policiers, détenteurs de permis C, de faire dialoguer les normes et les valeurs issues de notre législation avec les cultures des communautés représentées à Genève. En outre, un jeune détenteur d’une permis C ayant grandi à Meyrin ou Plan-Les-Ouates nous semble plus intégré et à même d’appréhender la réalité genevoise que des agents qui auront été débauché par d’alléchants salaires dans la Broye fribourgeoise.

Mathias Buschbeck, Député au Grand Conseil, 076/341-41-02
Emilie Flamand Lew, Députée au Grand Conseil, 076/575-91-03