Manifestation Des prix équitables, maintenant
Berne, 17 août 2023

Isabelle Pasquier-Eichenberger, Conseillère nationale
Coprésidente de l’intergroupe parlementaire souveraineté alimentaire, membre de la commission alimentation de la FRC

Pour plus d’équité et de transparence dans le commerce alimentaire

Les prix de l’alimentation : un thème qui préoccupe les associations de défense des consommatrices et consommateurs et les organisations agricoles depuis longtemps. Il s’agit bien sûr d’une question de pouvoir d’achat, mais c’est bien plus que cela : des prix qui couvrent les coûts de production est un enjeu central pour la pérennité de l’agriculture et l’accessibilité des produit locaux de qualité est vital pour la population et participe aussi à la durabilité de notre alimentation .

Ces derniers mois, plusieurs enquêtes ont mis en en évidence des dysfonctionnement dans la formation des prix des aliments : un système opaque, des rapports de force inégaux, un duopole imposant sa loi, des prix découplé des coûts, des marges surfaites. Rappelons-nous :

  • L’été passé, Heidi.news et le Temps ont révélé, sur la base des données volées aux LRG, des marges disproportionnées, jusqu’à 92% sur un dessert au soja importé par l’un ou près de 70% sur une tomme vaudoise vendu par l’autre.
  • En automne, la FRC a dénoncé l’opacité du système et le pouvoir disproportionné de la grande distribution. Elle reproche aux géants orange de gonfler leurs marges, aux dépend des producteurs et des consommateurs.
  • Durant l’hivers, le Surveillant des prix s’inquiète de marges brutes 4 à 5 fois plus élevées pour les produits bio et de regrette le manque de coopération de la distribution.
  • Au printemps, les quotidiens 24H et la Tribune s’inquiètent du fait que la grande distribution pourrait de profiter de l’inflation pour gonfler les prix à la consommation.

A Berne, cette question nous occupe également. Mais à ce jour, le Parlement se confronte au refus du Conseil fédéral, qui considère que le marché fonctionne et qu’il est juste que la marge reste secrète.

Alors au sein du groupe parlementaire « souveraineté alimentaire » initié par Uniterre, que je préside avec Valentine Python, nous nous sommes réunis à plusieurs reprises, nous avons échangé avec des expert.e.s pour faire le point sur le situation de la formation des prix au sein de filières et s’informer des instruments mis en place dans les pays voisins.

De ces réunions ont débouché un constat clair et partagé : il faut agir pour améliorer l’équité dans la formation des prix et cela passe notamment par un renforcement de l’observatoire des prix et par l’instauration d’un organe de médiation, qui permette de dénoncer, de manière anonyme, les pratiques déloyales.

C’est ainsi que nous avons déposé en septembre 2022 deux initiatives parlementaires, signées par des élu.e.s de tous les partis et soutenue notamment par Uniterre et la FRC.

  • La première « pour un observatoire des prix efficace dans les filières agroalimentaires» demande d’élargir les compétences de l’observatoire des prix existant. Pour qu’il publie les marges à toutes les étapes afin que la négociation des prix puisse se faire de manière juste et  De plus, il associe tous les acteurs, des filières jusqu’aux consommateurs.
  • La seconde « un ombudsman agricole et alimentaire» prévoit la mise en place d’un organe de médiation indépendant afin de documenter les pratiques et assurer des prix couvrant les coûts de production.

Toute deux seront traitées en la commission de l’économie (CER-N) cet automne.

Avec quelle chance ?

Comme je l’ai dit, nous avons travaillé afin d’avoir un large soutien politique. La première est cosignée par des membres de tous les partis et soutenue, en plus de la FRC et d’Uniterre, par l’USP.

A noter qu’un postulat de la CER-E a été adopté par le Conseil des Etats en décembre. Il charge l’OFAG d’évaluer la concurrence sur le marché de l’alimentation et de d’examiner si des instruments supplémentaires sont nécessaires.

Pour notre part, nous restons convaincu.e.s qu’alors que la question du pouvoir d’achat, du maintien d’une agriculture paysanne et de la durabilité de notre système alimentaire sont si cruciales pour notre population et notre avenir, le Parlement doit rester actif et vigilent. Même si ce n’est certainement pas facile, il est de notre responsabilité d’élu.e.s de veiller à renforcer au plus vite à l’équité dans la formation des prix des produits agricoles afin d’assurer un revenu digne aux familles paysannes et des prix accessibles pour les produits de saison et les produits bio.

Je suis convaincue que c’est une condition essentielle pour préserver notre souveraineté alimentaire et améliorer notre résilience.

Je vous remercie pour votre attention.