Par Didier Bonny, co-président des Verts Ville de Genève et candidat au Conseil national. Texte paru dans son blog de la Tribune de Genève le 5 mai 2019. 

Mercredi prochain, nous aurons une meilleure idée sur les intentions des uns et des autres en matière de politique environnementale. Le vernis vert du PDC et du PLR est-il réel ou tient-il du simple enfumage à l’approche des élections fédérales de cet automne ?

Ces deux partis auront l’occasion de passer des paroles aux actes au cours du débat qui aura lieu au Conseil national à propos d’une motion socialiste qui demande au Conseil fédéral de fixer des objectifs pour transférer les vols de courte distance vers d’autres modes de transport, tout particulièrement le train.

Faut-il rappeler que le trafic aérien est responsable de plus de 18% des émissions de CO2 en Suisse et que si rien n’est entrepris, ce secteur deviendra le plus important dans le bilan climatique de la Suisse en 2030 ? Le transport aérien est exonéré de l’impôt sur le carburant, de la TVA et de la taxe CO2, ce qui a comme conséquences des prix très bas et une constante augmentation de la demande.

Pour inverser cette tendance, il n’y a pas trente-six mille solutions : il faut augmenter le prix de l’avion et parallèlement rendre le transport ferroviaire attrayant aussi bien en termes d’argent, de temps que de confort. Un nombre important de voyageurs seraient prêts à prendre le train si le prix du billet était concurrentiel avec celui de l’avion.

La semaine dernière, en déplacement à Marseille (Genève-Marseille, 3h30 en TGV, 60 euros en première classe, gare située au centre-ville), j’ai discuté avec un couple qui venait de Liège. Au cours de la discussion, j’apprends qu’ils sont venus en avion. Je leur demande la raison pour laquelle ils n’ont pas pris le train. La réponse a fusé : le prix nettement moins cher du billet d’avion. Sans cela, ils étaient prêts à se poser la question du train compte tenu de l’éloignement de l’aéroport de leur domicile et du lieu de destination, le fait qu’il ait fallu laisser trois jours la voiture au parking payant de l’aéroport ou encore le temps d’attente avant de prendre les vols.

Il convient donc de faire pression sur nos autorités pour qu’elles mettent urgemment en place une politique incitative digne de ce nom afin que ce transfert modal devienne rapidement un questionnement pour une partie des utilisateurs de ces vols courte distance, puis finalement une évidence.

Avant qu’il ne soit trop tard.