Par Sarah Klopmann, députée Verte et cheffe de groupe

Début de session, premier coup dur. L’urgence sur notre résolution « pour une application digne et humaine de la politique d’asile » n’a pas été acceptée. Le but était pourtant juste de renvoyer la résolution en commission, pour la traiter conjointement à notre motion du même nom. Surprenant donc, car même la simple logique d’efficacité soutenait l’idée de ce renvoi en urgence. Mais le PLR, se ralliant à l’extrême droite, l’a refusé. Alors que l’on commençait à obtenir du PLR qu’il se remémore ses anciennes valeurs humanistes et cesse de voter systématiquement contre les Droits humains et contre les migrant.e.s, nous constatons un retour en arrière. Ils ne sont pas encore prêts pour voter ces textes, qui évidemment attaquent leur magistrat. Cela montre à quel point il est important de continuer notre travail d’explication et de conviction. Car lorsque nous arrivons à leur faire prendre conscience que les gens sont en train de crever et que leur fermer nos portes crée de véritables drames humains, nous faisons changer les votes, nous obtenons que ce parlement soit un peu moins inhumain, moins froid, moins insensible. Nous continuerons donc sans relâche.

Autre point, autre sujet, le Grand Conseil a longuement débattu de la loi sur les taxis et les voitures de transport avec chauffeur. Ce sujet avait été discuté pendant 49 heures en commission. Malgré cela, il y a eu une pluie de nouveaux amendements en plénière, déposés par les groupes ayant pourtant accepté les PL en commission. Faut dire que le lobby n’avait pas chômé… Un amendement défendu par Stéphane Florey, UDC, visait à permettre aux taxis d’emprunter les voies bus même lorsqu’ils sont vides. Ensemble à Gauche, avec l’UDC et le MCG, prêts à saboter les TPG, à faire diminuer encore leur vitesse commerciale, l’ont voté. Heureusement, cela ne fait pas une majorité et les taxis pourront utiliser les voies de bus que lorsqu’ils transportent des passager.e.s. Par ailleurs, nous avons obtenu l’obligation pour les diffuseurs de courses (Uber par exemple), d’avoir une siège fiscal en Suisse. Puis, cette nouvelle loi ne définit plus qu’une seule sorte de taxis (au lieu des jaunes et des bleus comme actuellement le cas), mais permet une diversité avec la catégorie des VTC (voitures de transport avec chauffeur). Cette loi ne cède heureusement pas à toutes les demandes de Taxiphone, qui a toujours tenté d’avoir une loi leur donnant monopole, bien qu’ils soient une entreprise privée lucrative. Bref, nous avons enfin une loi sur les taxis pensée pour les utilisateurs et utilisatrices, la moins mauvaise des dernières décennies. C’est un compromis entre la préservation des acquis et la numérisation grandissante, que seuls EàG et l’UDC, étrange alliance, refusèrent au vote final.

Nous avons ensuite voté un crédit d’investissement (187 mio) et une subvention à titre d’investissement (82 mio) pour le projet d’agglomération de 2e génération. Un vrai engagement pour la région. Un certain coût, certes, mais qui permettra une mobilité régionale plus douce, pour le bien-être de la population et de l’environnement. Trente-huit projets pour Genève, pour l’agglo : plusieurs étapes de requalification de la route Suisse ; voie verte Genève –Vernier ; aménagements pour la mobilité douce à Vernier et dans la ZYMESA ; aménagement paysagers et pour la mobilité douce sur les Trois-Chênes ; élargissement du Pont de Lancy ; réorganisation de l’accessibilité à plusieurs quartiers de Genève, requalification du quai de Cologny et de la route de Chêne, pistes cyclables à Satigny, Russin, Versoix, Corsier, Hermance ; nouvelles passerelles piétonnes ; accès aux nouvelles gares, et réorganisation du réseau routier dans les quartiers PAV, aéroport et gare. C’est super, ces crédits ont été acceptés ! Tous les groupes ont voté « oui » sauf, évidemment, le MCG et l’UDC.

A la première séance du vendredi, le Grand Conseil traite notamment des pétitions. Nous avons eu à nous prononcer sur une pétition du personnel et des syndicats de l’Hospice Général, demandant plus de moyens. L’institution est effectivement surchargée de dossiers, le personnel en perd sa santé et les bénéficiaires ne peuvent plus profiter d’un accompagnement suffisamment conséquent et personnalisé. Malheureusement, oubliant les obligations constitutionnelles, légales et morales vis-à-vis de l’Hospice Général, du personnel et des bénéficiaires, la droite, majoritaire, n’a pas voulu renvoyer cette pétition au Conseil d’Etat. Tout en disant qu’ils soutenaient à fond l’institution. On verra…

Et le débat sur la loi sur l’organisation des institutions de droit public fut, lui, tel un crêpage de chignon. Le dossier est finalement reparti en commission. Les Verts défendent entre autres le non-cumul des mandats de député et membre d’un conseil d’administration, la transparence (tant au niveau des rémunérations que des liens d’intérêts) et une bonne gouvernance, permettant que le pouvoir ne soit pas concentré uniquement dans les bureaux de ces conseils.

Tous les sujets concernant les polices municipales aussi sont repartis en commission. Espérons que cela nous permettra de convaincre nos amis de l’Alternative qu’il ne faut absolument pas ouvrir les brèches permettant ensuite aux policier.e.s municipaux d’avoir une arme à feu. S’ils restent sur leur position concernant le brevet, c’est avec l’extrême droite qu’ils voteront et auront une majorité. Ce serait terrible. Plus d’armes, c’est moins de sécurité.