Sortie du nucléaire: Questions / Réponses pour stands, débateurs, lettres de lecteurs
Ce n’est pas possible de sortir du nucléaire !
Même sans décision de fermer les centrales, de toutes façons le compte a rebours a commencé vers l’épuisement des stocks d’uranium. Nous devons de toutes façons nous préparer à la fin du nucléaire.
La première économie de l’Union européenne sera sortie du nucléaire en 2022. Un pays comme la Suisse si riche en hydroélectricité a un avantage considérable pour sortir du nucléaire.
Ce qui n’est pas possible, c’est de continuer à risquer l’évacuation du plateau suisse en cas de catastrophe. La Suisse est pleine de ressources pour produire du courant renouvelable et pour stocker l’énergie et l’utiliser quand le soleil manque.
En été 2015 les 5 réacteurs nucléaires du pays étaient à l’arrêt pour pannes ou révisions. Pourtant l’approvisionnement électrique de la Suisse a été assuré. Aujourd0hui Leibstadt et Beznau 1 sont à l’arrêt forcé et imprévu à cause de graves problèmes techniques, en tout cas jusqu’en février, alors qu’elle produisent normalement presque la moitié du courant nucléaire. Pourtant l’approvisionnement électrique reste garanti. L’arrêt planifié proposé par l’initiative est raisonnable.
Nos centrales sont sûres !
C’est aussi ce que l’instance de sécurité nucléaire affirmait au Japon avant Fukushima. Au Japon des sismologues avertissaient qu’en cas de tsunami la protection de la centrale de Fukushima ne suffirait pas. mais on ne les a pas écouté.
En 2016 il a été officiellement reconnu que l’acier des cuves de réacteurs contient trop de carbone, ce qui les fragilise. Les cuves ne peuvent pas être remplacées.
Au dessus de la centrale de Mühleberg le barrage alpin du Wohlen pourrait céder en cas de séisme, le système de refroidissement du réacteur serait rendu inopérant comme à Fukushima.
En tous temps et sans événement exceptionnel (séisme, crue, sécheresse), une erreur humaine par le personnel de la centrale peut mener a une catastrophe nucléaire. Ceci est vrai pour toute usine. Mais dans le cas du nucléaire les conséquences seraient catastrophiques, à l’échelle du pays.
On ne peut plus exclure le risque d’un attentat sur une centrale nucléaire. En Belgique on a trouvé des plans d’accès aux centrales nucléaires au domicile de militants fanatiques. Chaque centrale nucléaire constitue une cible privilégiée.
La sortie du nucléaire menace un Black-out !
Au contraire, c’est la prolongation acharnée des centrales nucléaires qui empêche le pays de se préparer a l’après nucléaire. Tant que les centrales gardent leur « autorisation d’exploitation à durée illimitée » (doctrine officiellement en place !), il n’y a nul besoin, nul échéancier non plus pour développer le remplacement renouvelable.
L’arrêt prévisible de ces réacteurs pour de graves problèmes techniques nous privera de plus d’électricité que les 3 petits réacteurs qui seront arrêtés en 2017 selon l’initiative.
Maintenir les centrales en fonction « à durée illimitée » (doctrine officiellement en place !), c’est un très mauvais message aux investisseurs, aux régies foncières, aux compagnies d’électricité, aux propriétaires immobiliers: « nul besoin de préparer l’alternative renouvelable, le nucléaire va durer encore longtemps ».
Au Japon un accident dans une centrale (Fukushima) a déclenché la fermeture préventive des 54 réacteurs de l’archipel. 5 ans plus tard seuls 3 réacteurs ont été provisoirement remis en marche. En Suisse aussi un incident ou une découverte de faille sécuritaire dans un des 5 réacteurs suisses pourrait mener à un vrai « black-out »: sans avertissement, n’importe quand. Et nous devrions alors remplacer 33% de l’approvisionnement sans nous y être préparés.
Black out ? Au contraire: l’initiative prévoit une sortie par 3 étapes successives: 2017 fermeture des 2 plus petites centrales encore en fonction. 2024 fermeture de la centrale de taille moyenne. 2029 fermeture de la plus grande centrale. Avec cette sortie progressive et programmée, on donne du temps pour déployer les 40’000 projets de centrales solaires et pour aider ménages et PME a réduire leurs gaspillages d’électricité.
La menace de black-out, c’est d’empêcher comme le parlement l’a fait, 40’000 projets d’installations projetées pour fournir de l’électricité renouvelable et locale de voir le jour. Quand ou il faudra fermer les centrales, la Suisse ne sera pas prête à cause de ce blocage. Voter oui à l’initiative forcera le parlement a libérer ces projets et à se préparer à l’inévitable.
Les renouvelables, c’est de l’énergie intermittente !
La Suisse est très bien placée pour gérer la fourniture d’électricité sans apport nucléaire. Grâce aux barrages hydroélectriques alpins, de l’eau est pompée ou gardée en altitude en période de surplus sur le marché d’électricité européen puis en période de sous-capacité les vannes des barrages sont ouvertes et les turbines fournissent du courant stocké sur demande.
Perspectives inespérées pour l’économie du canton
Le maintien du nucléaire fait persister un oreiller de paresse rendant inutiles l’exploitation des ressources d’énergie renouvelables et la chasse aux gaspillages d’électricité. 40’000 projets d’installations essentiellement solaires, disséminés dans les 26 cantons et actuellement mis en attente représentent un potentiel de croissance utile et d’emplois considérables.
L’exploitation d’énergie renouvelable décentralisée, la rénovation énergétique des bâtiments, notamment leur isolation et le remplacement des chauffages électriques, sont les secteurs économiques qui détiennent le plus grand potentiel de création d’emploi local durable et de développement des places de formation.
Combat d’arrière garde
Ce que nous observons dans ce débat c’est une lutte acharnée d’un monopole pour une technologie dépassée et dangereuse. On voit un lobby qui tente d’empêcher un approvisionnement indigène et décentralisé d’énergie. M. Rösti. dirigeant de l’UDC, par exemple, un des plus farouches opposants à l’initiative et à la Stratégie énergétique 2050, est aussi président du lobby nucléaire AVES et de Swissoil !
Pourtant les ménages, les PME et les administrations communales, en déposant des dizaines de milliers de projets d’installations solaires et renouvelables à Berne prouvent que le pays est dynamique. Cela prouve que comme l’Allemagne nous avons une perspective d’avenir au delà du nucléaire. Nous ne voulons pas attendre un incident ou un accident pour devoir développer dans
l’urgence les énergies locales et renouvelables.
Malheureusement pour l’instant le parlement est resté trop a l’écoute des représentants de 3 compagnies qui gèrent les centrales nucléaires (BKW, Alpiq, Axpo). Elles ont réussi a convaincre une majorité du parlement que leurs intérêts sont les mêmes que ceux du pays. C’est pour dépasser cette torpeur et assurer l’approvisionnement électrique de la Suisse par les renouvelables et l’efficacité que l’initiative doit être largement acceptée.
Le réseau de distribution d’électricité n’est pas prêt à un arrêt des 3 petites centrales prévu pour fin 2017 par l’initiative
Une des 3 petites centrales suisses, Beznau I, est déjà à l’arrêt. Swissgrid a annoncé qu’un transformateur 380 kV-220 kV sera prêt à Beznau en février 2017 et qu’il n’y aura pas de problèmes de ce fait pour remplacer Beznau et pour la région zurichoise. Quant au remplacement de Mühleberg dans la région bernoise, si vraiment il devait y avoir un problème d’approvisionnement parce que son arrêt est planifié pour 2019, nous sommes certains que le Conseil fédéral saura assumer ses responsabilités d’exécutif et repousser sa fermeture de quelques mois.