Par Marjorie de Chastonay, députée Verte. Ce texte est paru dans le courrier des lecteurs du journal La Tribune de Genève le 23 avril 2020. 

Depuis quelques jours, le canton de Genève est proportionnellement plus touché par la pandémie du Covid-19 que le Tessin, et pourtant il ne bénéficie pas d’une marge de manœuvre exceptionnelle telle que le Tessin l’a obtenue.

Certes, la majorité de la population guette le déconfinement et s’apprête d’ici à quelques semaines à reprendre ses activités. La courbe s’aplanit et l’espoir nous prend à voir le bout du tunnel. Mais la distance est encore longue avant d’en sortir, et dans quel état?

En effet, des mesures de soutien aux entreprises et aux indépendants ont déjà été prises, même si elles sont encore insuffisantes. Néanmoins, Genève ne doit pas non plus oublier ses salariés. Celles et ceux qui construisent ou encore qui font fonctionner son aéroport international. Des femmes et des hommes qui travaillent comme intérimaires, temporaires, auxiliaires et précaires. Ces «petites mains» utilisées soi-disant de façon temporaire qui appartiennent à un système malheureusement déjà pérenne. […] Soumises au travail sur appel ou encore à des contrats de mission, ces personnes sont prisonnières d’un système qui les utilise puis les jette. Aujourd’hui, Genève, et son Conseil d’État, doit prendre ses responsabilités, comme d’ailleurs le Grand Conseil lui a demandé, en janvier dernier, en lui renvoyant la motion 2610[1] directement. Le Grand Conseil lançait un signal fort contre le dumping salarial. Puis le virus est arrivé. Le système s’est mis en pause.

Sur la plateforme aéroportuaire, selon le syndicat Unia, de nombreux salariés ont vu leur contrat résilié, et ce, malgré la bonne volonté du Conseil fédéral, qui a modifié le 21 mars dernier par voie d’ordonnance le régime de la réduction des horaires de travail (RHT) en permettant désormais l’indemnisation des intérimaires. Or, les mailles du filet sont trop larges et ne tiennent pas compte des gros dégâts causés en début de pandémie. Il n’y a pas d’effet rétroactif. […]

À Genève Aéroport, des entreprises continuent de licencier du personnel. Nous savons que le Conseil fédéral souhaite aider le secteur aérien et par conséquent, Genève-Aéroport obtiendra une aide importante de l’État. […] Pour ces raisons, Genève doit être courageuse et prévoir un fonds cantonal d’indemnisation pour les salariés précarisés, pour leur dignité!