Par Marjorie de Chastonay, députée. Ce texte est paru dans l’édition de la Tribune de Genève du 4 mars 2020. 

Un chiffre: 4000. C’est le nombre de décès prématurés en Suisse liés à la pollution. Selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), 20’000 jours d’hospitalisation et 4,7 millions de jours d’activité réduite sont également attribués à la pollution. Cela engendre des coûts de 4 milliards de francs. Les cancers ainsi que des maladies respiratoires et cardiovasculaires, en particulier chez les personnes déjà malades et vulnérables, les personnes âgées et les enfants sont en augmentation à cause des particules fines. Crises d’asthme et problèmes cardiovasculaires augmentent aussi lorsqu’il y a trop de concentration d’ozone. On pourrait parler de catastrophe sanitaire.

À l’heure de l’urgence climatique, le dispositif Stick’air permettant de limiter à court terme l’effet néfaste sur l’environnement et la santé de la population des épisodes de pic de pollution a été lancé en janvier dernier. Il s’agit d’une décision interdépartementale concernant la santé, la mobilité et l’environnement. L’un ne va plus sans l’autre.

L’effet néfaste de certains polluants atmosphériques tels que les particules fines en suspension ou l’ozone ne doit plus être sous-estimé. Sinon, ce serait mentir à la population. Le droit fondamental à un environnement sain est ancré dans notre Constitution (art. 19) et il doit être appliqué. Le principe de précaution en est l’un des piliers. Dès lors, les mesures décidées avec l’introduction de la vignette Stick’air sont des mesures sanitaires de prévention. Alors 5 fr. à vie, ce n’est pas la mer à boire car ce n’est pas obligatoire. Par ailleurs, dans un contexte de densification rapide et intense, la population est «poussée» à devenir «multimodale». En raison de ce changement de paradigme, des résistances s’organisent. Une pétition est lancée! Mais rembourser les pollueurs serait une hérésie! Cette pétition ose parler d’injustice et de dédommagements des frais liés à l’empêchement d’utiliser sa voiture. Pourtant, le devoir des usagers n’est-il pas de chercher des alternatives, parmi la multitude de propositions, en fonction des capacités de chacune et chacun? À l’ère des préconisations pour la mobilité douce (IN 144), et de la piétonnisation des centres urbains (LMCE), toutes deux plébiscitées par la population genevoise, cette pétition semble sortir d’une grotte de la préhistoire. Elle est portée par une minorité de personnes qui ne souhaitent pas changer leurs habitudes et se réorganiser. Ou alors, seulement s’ils sont dédommagés. Car c’est bien de cela qu’il s’agit! L’État fait sa part pour la collectivité et ensuite, ce sont les individus qui doivent également faire la leur. C’est d’autant plus paradoxal que la gratuité des TPG est mise en place lors des pics de pollution! N’est-il pas l’heure d’appliquer le principe du pollueur-payeur? L’époque des «permis de polluer» est révolue.