Par Isabelle Pasquier-Eichenberger, conseillère nationale. Ce texte est paru dans le journal La Tribune de Genève le 16 septembre 2020.

Durant le confinement, nous sommes nombreuses et nombreux à avoir arpenté les parcs et la campagne, longé le lac et les cours d’eau, à la recherche de détente et de sérénité dans ce cadre ressourçant. La nature nous a révélé sa force : nombreuses espèces animales ont bénéficié de cette période pour étendre leurs territoires.

Si cette vitalité est réjouissante, les prévisions des expert.e.s le sont moins. Notre impact sur les écosystèmes est démesuré et la sixième extinction de masse nous menace.

C’est dans cette perspective qu’il faut aborder la votation liée à la loi sur la chasse. Si les associations de protection de la nature appellent à voter NON, c’est qu’elle constitue une attaque directe contre les animaux sauvages. Le Conseil fédéral et le Parlement ont raté leur cible. Tout d’abord, la loi affaiblit la préservation de plusieurs espèces protégées, tel que le castor et le lynx, mais aussi le cygne, familier de nos quais, et le héron cendré, délicat échassier dont le crime est de manger de poisson. Ensuite, elle omet de renforcer la protection d’espèces qui sont actuellement sur la liste rouge. Ainsi le tétras lyre, discret oiseau alpin, ou le lièvre brun, présent dans nos champs, peuvent être légalement chassés en Suisse, bien que menacés de disparition. Finalement, elle autorise les tirs préventifs. Ce qui veut dire que des animaux qui n’ont causé aucun dégât, mais dont la présence gêne l’humain, peuvent être abattus.

Il est temps de changer notre fusil d’épaule ! Nous ne sommes pas tout puissants, nous faisons partie de l’écosystème. Et c’est bien plutôt l’affaiblissement de la biodiversité qui menace à terme notre survie.

Vous l’avez compris, l’enjeu de cette loi, ce n’est pas le loup. Les 80 loups qui peuplent la Suisse se retrouvent instrumentalisés par les partisans du projet, parce que leur évocation ne laisse personne indifférent. La loi actuelle permet déjà de réguler les familles et de tirer les individus problématiques. D’ailleurs, en cas de NON à la Loi sur la chasse, les organisations de protection de la nature sont d’accord de trouver un compromis pour réguler le loup et renforcer la protection des troupeaux.

Les milieux forestiers sont aux côtés des associations de protection de la nature : le canidé joue un rôle important dans le maintien des forêts alpines, si importantes pour la protection contre les chutes de pierres, les laves torrentielles et les avalanches, en recrudescence avec le réchauffement du climat. En régulant les populations de chevreuils et de cerfs, qui mangent les jeunes arbres, le loup, comme le lynx, a un rôle central dans l’écosystème.

Refusons cette révision qui facilite l’abattage d’animaux protégé et donnons ainsi au (nouveau) Parlement l’opportunité de rectifier le tir. Parce qu’une meilleure cohabitation entre les animaux d’élevage et le loup est possible. Parce que la recherche d’un équilibre entre l’humain et l’environnement est nécessaire. NON à la Loi sur la chasse le 27 septembre.