Par Céline Bartolomucci, représentante des Vert.e.s genevois.e.s à la Commission consultative de la diversité biologique

A l’heure où le président de nos voisins outre-Atlantique pense que le climat « va bientôt se refroidir » (« It will start getting cooler. You just watch », le 15 septembre 2020), ou quand celui de nos voisins outre-Léman compare les doutes soulevés par la 5G au « retour de la lampe à huile » tel un vieil oncle réactionnaire lors d’un repas de Noël, on était bien en droit de douter de l’issue des votations de ce dimanche au sujet de la nouvelle loi sur la chasse. Les résultats définitifs publiés, il est maintenant temps de se réjouir. Le peuple suisse a parlé pour la biodiversité et il l’a bien fait!

Évidemment, d’aucun diront que la nouvelle loi a été refusée de justesse (51,9% des votants), le résultat est pourtant bien là: il ne sera pas possible de tirer préventivement des espèces protégées et encore moins selon un point de vue arbitraire. Cette victoire du Non face à cette nouvelle loi, c’est celle de toutes les associations suisses écologistes et de protection de la faune qui faisaient front d’une seule voix contre le nouveau texte. Et c’est aussi bien sûr celle de l’espoir. L’espoir d’une société humaine plus en harmonie avec les autres habitants de la planète, dans laquelle le partage du territoire et des ressources ne se règleraient pas forcément par le fusil. Si la « gestion » du loup doit se faire, elle doit se faire désormais via d’autres voies que celle de l’abattage systématique. Un changement de paradigme difficile pour certains mais nécessaire, déjà effectué par 51,9% des votants ce dimanche.

Il est plus que temps de réaliser une bonne fois pour toute la dimension systémique de la biodiversité. Chaque espèce y a un rôle à jouer, souvent sans que nous en ayons même conscience. Alors ok, travaillons ensemble à mieux protéger nos animaux de rente, mais faisons-le en rangeant les fusils et trophées de chasse, réjouissons-nous et discutons. Une fois l’arrangement trouvé, avec un peu de chance, au détour d’une marche au lever du soleil, nous pourrons peut-être entendre les brames des cerfs aux alentours, pister d’éventuelles traces de loups ou trouver quelques restes de barrage de castors. Alors oui, nous pourrons être fiers de nous dire que ce dimanche nous avons voté juste.