Par Valentin Dujoux, co-président des JVGe et candidat au Conseil Municipal de la Ville de Genève. Texte paru sur son blog de la TdG le 17 janvier 2020. 

Ce jeudi, la Ville de Genève, en accord avec le Canton, a diversifié quelques panneaux de circulation. L’homme au chapeau, probablement banquier des années 70, est désormais accompagné par différentes silhouettes féminines. Des panneaux de signalisation féminisés, parlons-en.

La politique, c’est aussi des symboles

En politique, il existe des décisions complexes, techniques et qui peuvent parfois être comprises uniquement par une poignée d’initié-e-s. Et il y a des décisions simples et dont chacun-e peut saisir la portée.

Ces panneaux de signalisation diversifiés ne changeront pas tout. Mais après une mobilisation massive lors du 14 juin 2019, alors que peu à peu nos institutions démocratiques se féminisent et que la diversité et le respect de l’autre doivent être soutenus, il était temps que notre espace public évolue.

Si cette mesure a aujourd’hui autant de poids, c’est justement parce que c’est un acteur institutionnel important qui en prend la décision. La Ville de Genève, en agissant ainsi, ne fait que mettre en œuvre sa politique en faveur d’une ville sociale et solidaire, une ville où la diversité est célébrée et où l’évolution de la cité accompagne l’évolution des mentalités. 

Une diversification bienvenue

Les produits genrés (jusqu’aux soupes de la Migros, retirées depuis !) sont de plus en plus critiqués car ils sont, justement, critiquables. Il est absurde d’associer nourriture, jouets, lieux, sports ou métiers à un genre. Comme il est absurde, en 2020, d’enfermer un panneau de signalisation dans une déclinaison masculine toute droit sortie des années 70.

Et heureusement, les choses avancent, y compris dans l’espace public. L’exemple le plus parlant est celui du nom des rues puisqu’il aura fallu attendre 2017 et l’impulsion de Delphine Klopfenstein au Grand Conseil pour qu’enfin, des femmes genevoises puissent mériter une rue, une place ou une avenue à leur nom.

Sandrine Salerno l’avait annoncé, son année en tant que Maire serait celle de l’égalité femme-homme. Aujourd’hui, aux côtés du Canton, elle y participe de manière concrète et poursuit ainsi son engagement en donnant à la Ville une nouvelle opportunité de célébrer la diversité.

Un combat long mais indispensable

Alors oui, ces mesures appellent à des modifications qui interpellent. Tant mieux. Cela montre que le changement est en marche et que chacun-e peut le saisir. Parce qu’au final, l’identité est plurielle et cette mesure ne nourrit qu’un seul but : participer à mettre la diversité en avant en arrêtant de présenter le masculin comme un sujet de référence.

Panneaux de signalisation, féminisation des instances politiques, noms de rues, langage inclusif … Les mots et les actes ont un sens et leur caractère symbolique peut changer les choses. J’y crois profondément. Parce qu’une société plurielle est une société dans laquelle chacun-e peut se retrouver sans avoir à renier tout ou partie de son identité.

Au final, cette action ne vise pas à célébrer la femme, mais les femmes et donc de manière plus large, la diversité. Il conviendra donc de poursuivre le travail, en présentant des silhouettes masculines et des silhouettes neutres pour que chacun-e puisse se reconnaître, et ainsi être reconnu-e, comme membre à part entière de la société.

 Des panneaux de signalisation féminisés, parlons-en. Car il convient parfois de rappeler des banalités qui peuvent sembler anecdotiques. Et si la politique peut actionner le levier du symbolique, c’est pour que chacun-e puisse développer un sentiment d’appartenance à la collectivité.