Offrir un parc de logement de qualité, diversifié et abordable à la population ? Une majorité du Grand Conseil a fait preuve d’une absence de volonté manifeste en la matière. Entre hier et aujourd’hui, ce ne sont pas moins de trois projets de loi verts allant en ce sens qui ont été balayés par le délibératif. Au vu de son soutien à la modification de la LDTR, en votation ce 14 juin, il est temps de rappeler au Grand Conseil qu’il se doit d’être au service de la population, pas à la botte des spéculateurs !

Gâchis. Ce terme résume à merveille la décision prise par le Grand Conseil lors de cette session d’enterrer trois projets de loi verts : l’introduction du droit d’emption (PL 11246), de propriétés sans but lucratif (PL 11279) et d’espaces communs (PL 11281).

L’introduction du droit d’emption aurait permis à l’Etat d’acquérir des terrains de façon prioritaire lors de modifications de zone et de déclassements. Cet outil de politique foncière aurait assuré l’augmentation du patrimoine foncier public, le développement tant attendu de logements d’utilité publique (LUP), la limitation des opérations de spéculation engendrées par les modifications de zone et l’augmentation à terme des recettes publiques par le bais des rentes de superficie. Pourtant, pour la majorité de droite, il est hors de question de réformer le droit de propriété (favorisant une minorité) au profit d’un meilleur droit au logement pour nos locataires (l’écrasante majorité).

Un deuxième projet de loi visait à créer un parc de logements destiné à la vente sans but lucratif.  Ce but aurait été atteint en insérant dans la Loi générale sur les zones de développement (LGZD) une nouvelle catégorie de logements : ceux destinés à la vente à prix coutant. La valeur d’usage des biens aurait été privilégiée aux plus-values et le contrôle des prix de vente aurait eu un effet stabilisateur des prix à court, moyen et long-terme. Les querelles idéologiques l’ont pourtant emporté sur cette vision d’avenir, qui aurait rendu possible non seulement l’acquisition d’un logement aujourd’hui inabordable pour la classe moyenne, mais encore le renforcement de la lutte contre la spéculation.

Enfin, la  troisième proposition verte souhaitait introduire la notion de salle commune dans toute nouvelle construction de plus de 50 logements. Une salle commune n’est autre qu’une bouffée d’air : un lieu d’expression du lien social, qui ne peut qu’améliorer la qualité du vivre-ensemble. Soucieux de voir leur projet soutenu, les Verts ont amendé leur texte en commission, passant de l’obligation à l’incitation de prévoir une salle commune. Rien n’y a fait.

Face à cette rafale de refus, quelles perspectives reste-t-il à la population genevoise, soucieuse de voir une issue poindre à la pénurie de logements ? Les Verts ont proposé un quatrième projet de loi. Il renforcerait les coopératives d’habitation en permettant aux classes moyennes d’y accéder, grâce à un cautionnement étatique d’une partie des prêts hypothécaires des logements de catégorie non-subventionnée. De manière modeste mais déterminante, il contribuerait à rendre plus équitable l’accès à des logements de qualité.

Dans l’intervalle, le soutien du délibératif à la modification de la Loi sur les démolitions, transformations et rénovations (LDTR) en vue de transformer bureaux en logements sans contrôle des prix en dit long sur la politique du logement promue par la majorité du Grand Conseil. Cette nouvelle loi permettrait aux investisseurs de spéculer sur la crise du logement en transformant ces locaux en lofts luxueux vendus à prix d’or. Il est temps de rappeler aux député-e-s que c’est pour défendre l’intérêt de leur population, et non celui d’une poignée de spéculateurs, qu’ils et elles ont été élu-e-s.

Contacts

Mathias Buschbeck, Député au Grand Conseil, 0763414102

Sophie Forster Carbonnier, Députée au Grand Conseil, cheffe de groupe, 079 202 33 66