Philippe de Rougemont

Question déposée par Philippe de Rougemont en septembre 2025

Texte complet et réponse du Conseil d’Etat: QUE 2248-A

Exposé de la question:

Cette question concerne le bâtiment situé aux 11-15-17, place des Augustins, dont le propriétaire prévoit des travaux lourds de démolition puis construction d’un bâtiment plus haut, comportant moins d’appartements.

La Ville de Genève a émis des préavis défavorables le 8 décembre 2023, puis le 2 juillet 2024. Le 10 septembre dernier, le Conseil administratif a en outre signifié son refus d’une dérogation au règlement du plan d’utilisation du sol. Le plan directeur communal 2040 de la Ville de Genève, en force puisque avalisé par le Conseil d’État en juin dernier, préconise une approche de régénération du tissu urbain, consistant à transformer la ville en partant de l’existant plutôt que par une approche de « table rase » comme le prévoit le propriétaire de ce bâtiment.

Sur un plan environnemental, il convient d’allonger le cycle de vie des matériaux de construction déjà extraits, acheminés, assemblés, au lieu d’en faire des déchets supplémentaires s’ajoutant aux déblais de chantiers nous rendant dépendants de décharges situées à l’étranger, alors que la loi fédérale prévoit un stockage à l’intérieur du canton. Aussi sur le plan environnemental, démolir et reconstruire impliquerait de puiser davantage dans les ressources minières limitées, engendrer des déplacements de camions et de la consommation supplémentaire d’énergie pour construire un nouveau bâtiment. Les promoteurs estiment que leur projet a un bilan environnemental plus favorable qu’une rénovation. Mais ils le font avec des hypothèses discutables et ils ont un intérêt lucratif à discréditer les critiques pour protéger leur projet de démolition-reconstruction.

Le projet menace la présence de 4 arbres sur le domaine public alors que le programme de législature prévoit une extension de l’arborisation en milieu urbain

Sur le plan de l’urbanisme, l’étroitesse des rues voisines ne permet pas d’envisager la surélévation des immeubles qui les bordent tel que le maitre d’œuvre le souhaite ; le nouveau bâtiment s’il était autorisé serait voué à rester définitivement disproportionné par rapport au bâti environnant.

Le secteur de la construction est en pleine réflexion sur son bilan carbone et s’oriente, quand les maîtres d’œuvre les laissent faire, vers l’intervention architecturale sur les bâtiments existants, pas seulement pour les rénovations simples mais aussi pour l’extension de l’habitat de bâtiments déjà construits. Le prix Pritzker 2021 décerné à Anne La­ca­ton et Jean-Phi­lippe Vas­sal spécifiquement pour leurs interventions sur le bâti existant vient attester de ce changement de paradigme, visant à faire avec ce que l’on a déjà construit.

Sur le plan du logement, la surélévation prévue parvient pourtant à un nombre de logements moindre que dans le bâtiment existant, et à des loyers plus élevés. Avec un taux de 0.34% de taux de vacance des logements à Genève, une telle opération ne devrait pas être acceptée.

Ces considérations m’amènent à̀ questionner comme suit le Conseil d’État et à le remercier par avance de ses réponses :

  • Le Conseil d’État compte-t-il laisser faire ce projet, et si oui comment répond-il aux points soulevés plus haut ?