L’échangeur de Viry, un projet dépassé qui menace le climat et la qualité de vie
Par Jérôme Strobel, responsable de la section des Vert-e-s transfrontaliers-ères
Aux portes de Genève, à quelques encâblures de la frontière de Soral, la Haute-Savoie et la Communauté de communes du Genevois s’échinent à vouloir construire un nouvel échangeur autoroutier. La municipalité de Viry s’oppose à cette infrastructure d’un autre âge, mais elle est bien seule dans ce combat, et le Département menace de passer outre. Pour le moment, Genève s’est fait discrète sur cette affaire, de peur sans doute de froisser nos partenaires de l’agglomération.
Pourtant, l’impact de l’échangeur de Viry promet d’être sévère pour le « Grand Genève ». Ce projet dépassé, qui a été lancé il y a 50 ans, entre en contradiction frontale avec les engagements climatiques pris de part et d’autre de la frontière. Aujourd’hui, la mobilité est le premier poste d’émission de CO2 de l’agglomération et Genève vise la réduction de 40% du trafic automobile d’ici 7 ans. Incompatible avec de nouvelles infrastructures autoroutières !
Pour la qualité de vie des habitants de Soral et des communes frontalières, la pilule risque d’être dure à avaler. Déjà étouffés par le trafic pendulaire, l’échangeur va aspirer un nouveau flux de voitures cherchant à éviter les bouchons à Bardonnex. A ce jour, les mesures mises en place pour réduire le trafic ont échoué. Qu’en sera-t-il lorsqu’on aura encore facilité l’accès à la voiture à l’entrée des villages ?
Car, aujourd’hui, il n’y a pas de réelle alternative pour les milliers de travailleuses et travailleurs qui habitent ce secteur. Alors que, du fait de la demande en main d’œuvre de l’économie genevoise, le nombre d’habitants y a presque doublé en 20 ans, rien n’a été fait ou presque pour favoriser les transports publics et la mobilité douce. Pas de connexion au Léman express, gares désaffectées, desserte de bus rachitique, pas de piste cyclable : le déficit d’investissement en mobilité durable est criant.
Nos ressources sont limitées et nos défis immenses : ne gaspillons pas des dizaines de millions d’euros dans des solutions du passé ! Pour offrir des alternatives crédibles à la voiture et protéger l’environnement, pour décongestionner les villages des deux côtés de la frontière et améliorer notre qualité de vie, ce que nous voulons, c’est un véritable plan Marshall pour les transports publics et la mobilité douce !