La loi genevoise pour une mobilité cohérente et équilibrée n’intéresse pas le magistrat en charge des Transports, Luc Barthassat. Le plan d’action du réseau routier n’a pas été adapté aux ambitions de la nouvelle loi, tandis que le centre-ville, dévolu à la mobilité douce et aux transports publics selon la nouvelle loi, a subi une cure d’amaigrissement préoccupante. Les Verts genevois condamnent fermement l’inaction du Conseiller d’Etat, alors que la pollution aux particules fines et le bruit du transport individuel motorisé accablent régulièrement la population du canton.

Le rapport RD 1139-A est récemment sorti de la Commission des transports et sera sans doute traité en urgence la semaine prochaine au Grand Conseil. Le commissaire Vert aux transports a catégoriquement refusé la proposition de résolution validant le Plan d’actions du réseau routier 2015 – 2018, pour plusieurs raisons.

Le plan d’action du réseau routier est l’outil de pilotage indispensable à l’administration cantonale pour une vue d’ensemble des projets routiers dans les années à venir. Il a été soumis pour approbation au Grand Conseil en mars 2016. Depuis lors, de l’eau a coulé sous les ponts : le 5 juin, les Genevois-es ont largement soutenu le contre-projet « pour une mobilité cohérente et équilibrée ». Cette nouvelle loi scelle un compromis historique en faveur d’une mobilité durable à Genève. Elle garantit la priorité à la mobilité douce et aux transports publics dans les centres urbains du canton, favorise le déploiement de zones piétonnes, prévoit la complémentarité des réseaux ferroviaires, des trams et des bus et développe le réseau cyclable. Suite à son acceptation, le plan d’action du réseau routier aurait dû être revu de fond en comble pour y intégrer les ambitions de la nouvelle loi. Or, le magistrat en charge des Transports, Luc Barthassat, n’a pas adapté le document d’un iota. Il s’agit là d’un mépris flagrant de la volonté populaire et du compromis sur la mobilité, alors que M. Barthassat s’était engagé à faire de la mise en œuvre de ce projet la pierre angulaire de sa politique des transports.

La résolution votée en commission doit permettre l’ajout, dans le plan d’action du réseau routier, des cartes contraignantes prévues par la nouvelle loi sur la mobilité. Dans les espaces du canton situés en zones I et II sur ces cartes, la priorité en matière de gestion du trafic et de l’aménagement sera accordée à la mobilité douce et aux transports publics. Or, la part du centre-ville de Genève dévolue à la zone I a été réduite comme peau de chagrin, sacrifiant la convivialité et la tranquillité auxquels aspirent les habitant-e-s de nos rues et de nos quartiers.

Le constat est sans appel : le Conseiller d’Etat Luc Barthassat refuse de mettre en œuvre le compromis historique sur la mobilité, sur lequel ont pourtant travaillé d’arrache-pied des députés de tous bords, et qui a reçu l’aval du peuple. Pire, le magistrat réalise des mesures qui n’ont pas été retenues dans le compromis et qui ne font que stimuler le développement des transports individuels motorisés, telles que la construction du parking des Clés-de-Rive en plein centre de Genève, l’ouverture des voies bus aux deux-roues motorisés, la promotion des ondes vertes ou la réalisation de plusieurs routes de contournement de villages, de véritables appels d’air au trafic motorisé. Et pendant ce temps, les normes en matière de pollution de l’air et de bruit sont régulièrement dépassées à Genève, aux dépends de la santé de la population genevoise. Il est grand temps d’inverser cette orientation politique néfaste et d’appliquer sans plus tarder la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée.