David Martin

Motion déposée par David Martin en mars 2022

Texte complet: M 2832

Exposé des motifs:

Les places de parking souterrain au centre-ville du canton sont en suroffre
et cette tendance se renforce suite à la résiliation des abonnements
pendulaires dans les parkings publics, l’amélioration du report modal et la
part croissante du télétravail. A l’inverse, l’espace public est rare et doit
répondre à un besoin croissant d’améliorer la qualité de vie des quartiers, la
circulation des transports publics, la mobilité douce ou encore la
végétalisation.

Aujourd’hui, le coût d’un macaron « habitant » genevois (200 francs/an)
représente environ 10% du prix d’un abonnement « habitant » dans un
parking souterrain de la Fondation des parkings (en moyenne
190 francs/mois). Si on le compare à une place de parking privée louée sur
marché (env. 300 francs/mois), ce ratio correspond à 5%.

A ce prix, l’intérêt pour un-e automobiliste de parquer sa voiture dans un
parking souterrain est minime. En incitant ne serait-ce qu’une faible partie
des habitant-e-s des quartiers urbains du canton à prendre un
abonnement dans un parking souterrain ou à renoncer à leur voiture,
c’est autant de places qu’on libère en zone bleue pour les habitant-e-s qui
détiennent un macaron.

Un comparatif du prix des macarons en Suisse permet de constater que le
prix pratiqué à Genève est extrêmement bas au regard de la tarification
pratiquée dans les autres grandes villes de Suisse (moyenne à 440 francs/an).
Chez nos voisins de Nyon, le macaron « habitant » annuel est à 960 francs.
En ville de Lausanne, il coûte 500 francs et à Lucerne 600 francs.

Début 2021, l’Etat de Genève revoyait la tarification de ses parkings
souterrains « afin de dissuader les pendulaires de se rendre au travail en
voiture et de favoriser les habitantes et les visiteurs occasionnels ». Si la
volonté de l’Etat, dans sa révision de la tarification du stationnement en
parking souterrain, était d’y offrir davantage de places aux habitantes et
habitants, le prix dérisoire du macaron genevois est comparativement trop
peu incitatif. Sans ajustement à la hausse, les chances de voir les habitant-e-s
prendre des abonnements en ouvrage sont faibles.

Or l’utilisation du domaine public représente un coût d’opportunité
extrêmement important, au vu des objectifs climatiques cantonaux,
notamment concernant le secteur de la mobilité. Non seulement le
stationnement en voirie (et sa tarification) contribue à rendre l’utilisation de
la voiture individuelle très attractive, mais il empêche le déploiement de
mesures de mitigation et d’adaptation au défi climatique.

Une gratuité du stationnement ne couvre aucunement les coûts directs et
indirects de la mise à disposition d’une place de stationnement en voirie. En
tenant compte des coûts externes (comme la pollution, les coûts des accidents et l’entretien de l’infrastructure), le coût réel d’une place de stationnement en
voirie est estimé à un peu plus de 5 francs par heure.

Au vu de ce qui précède, la présente motion demande au Conseil d’Etat
d’agir, d’une part, sur les prix du stationnement de façon à réduire l’écart
entre stationnement en voirie et en parking souterrain et, d’autre part, à
augmenter les incitatifs pour que les habitantes – en priorité dans les centres
urbains (zone I+II LMCE) denses et congestionnés – fassent le choix de
modes de transports plus durables.

Plus spécifiquement, il s’agira de fixer un prix annuel du macaron plus
élevé qu’aujourd’hui, suffisamment incitatif et tenant compte des impacts du
véhicule (en particulier de son emprise au sol).

Cette augmentation de prix devra être accompagnée de mesures de
compensation au bénéfice des habitant-e-s des quartiers.

Il s’agira de baisser les tarifs des abonnements habitant-e-s dans les
parkings souterrains pour les rendre plus attractifs, d’établir des rabais pour
les personnes les plus précaires qui ne peuvent se passer de leur véhicule
privé et de faciliter l’accès aux nombreuses places de stationnement
inoccupées dans les parkings souterrains du centre urbain.

En effet, dans certains quartiers denses tels que les Eaux-Vives et les
Pâquis, la FdP dispose de peu de places, mais d’autres entités publiques6 ont
des places qui pourraient être incluses dans l’offre d’abonnement de la FdP
moyennant la mise en place de conventions. De nombreux propriétaires
immobiliers publics – mais aussi privés ! – perdent de l’argent aujourd’hui
parce qu’ils n’arrivent plus à trouver preneurs pour les places de parking
souterrain. Il y a ici un cercle vertueux à enclencher !

Egalement en tant que mesure de compensation, le Conseil d’Etat est
invité à élargir la palette de soutien au report modal pour les habitant-e-s. On
pense notamment à un « chèque mobilité » versé aux personnes qui renoncent
à posséder une voiture, libérant ainsi de l’espace au centre urbain. Le montant
de ce chèque devra être établi de façon à obtenir un équilibre entre les
recettes générées par les nouveaux prix du stationnement et le nombre de
bénéficiaires potentiels des subventions. En partant par exemple sur un
« chèque mobilité » de 1000 francs, cela permettrait de couvrir l’équivalent d’un an d’abonnement Unireso pour deux personnes ou deux ans
d’abonnement Mobility dont 15 excursions d’une journée avec une voiture
familiale au Salève (exemple).

Ces recettes permettront également de développer proactivement les
solutions d’autopartage ou de location de voiture pour les familles, en
collaboration avec les prestataires de la branche. En effet, il est assez typique
que les jeunes parents décident d’acheter une voiture pour faciliter les
excursions de weekends ou de vacances avec leurs enfants. Avec l’aide de
l’Etat et des communes, les prestataires pourront améliorer les offres à
l’intention des familles pour les rendre accessibles tant du point de vue du
prix et de la simplicité logistique (p. ex. mise à disposition gratuite de places
pour des emplacements Mobility supplémentaires, points de location équipés
de casiers avec des sièges enfants, service de dépose pour accéder au
véhicule devant son immeuble, cartes fidélité, etc.).

Enfin, l’Etat pourra collaborer avec les acteurs associatifs pour lancer une
large campagne de communication « ma vi(ll)e sans voiture c’est cool » pour
mettre en évidence toutes les possibilités qui permettent de se passer de
voiture en ville à travers des retours d’expérience et des témoignages.

Par la présente motion, les député-e-s soussigné-e-s demandent au Conseil
d’Etat d’entreprendre toutes les démarches utiles pour établir des prix de
stationnement plus justes pour les habitant-e-s des centres urbains et de
faciliter tout ce qui leur permet d’aller vers un report modal.