En bref

Cette loi est une attaque directe au métier d’enseignant-e en voulant niveler par le bas la qualité de la formation. En plus, ce métier étant exercé à environ 80% par des femmes, la déqualification du diplôme entraînera non seulement une baisse de l’attractivité du métier mais aussi une nouvelle augmentation de l’inégalité entre femmes et hommes.

DE QUOI S’AGIT-IL ?

Cette loi a pour but de modifier la loi sur l’instruction publique (LIP) afin de diminuer la formation des enseignant-e-s du primaire à 3 ans au lieu de 4 ans actuellement.

POURQUOI DIRE NON ?

Attaque contre l’égalité salariale homme-femme

Derrière cette modification de loi, il y a des enjeux féministes puisque cette loi attaque un métier exercé à environ 80% par des femmes. Ce métier d’enseignant-e-s au primaire se verra encore davantage déclassé par la diminution de sa durée de formation. En effet, sur le marché de l’emploi, le statut d’un métier et le salaire associé sont dépendants du diplôme requis. La déqualification du diplôme entraînera non seulement une baisse de l’attractivité du métier mais aussi une nouvelle augmentation de l’inégalité entre femmes et hommes.

Le coût de la formation actuelle se situe en-dessous de la moyenne suisse

L’argument financier justifiant la réduction de la formation est incohérent puisque le coût de la formation actuelle se situe en-dessous de la moyenne suisse.

Perte de reconnaissance du diplôme d’enseignement

Passer de 4 à 3 ans de formation entraînera la perte de la reconnaissance du diplôme d’enseignement durant plusieurs années. Comme une refonte des contenus de formation sera nécessaire, elle impliquera l’exigence d’une nouvelle procédure de reconnaissance coûteuse en temps. Sans cette reconnaissance du diplôme par la Conférence des Directrices et Directeurs Cantonaux de l’Instruction Publique (CDIP), les étudiant-e-s se verront décerner un titre qui ne sera pas reconnu au niveau suisse.

Former des généralistes polyvalent.es

L’effet négatif d’une formation diminuée affecterait le statut de GENERALISTE et ne permettrait plus d’enseigner au cycle élémentaire (1P à 4P) et au cycle moyen (5P à 8P). Genève est le seul canton suisse offrant une formation universitaire de 4 ans, la seule qui garantisse le STATUT de généraliste permettant d’enseigner 14 disciplines sur l’ensemble de la scolarité primaire. C’est directement l’unicité du statut et la mobilité professionnelle des enseignant-e-s qui sont attaquées. Une formation en 3 ans au lieu de 4 ans remettra en cause cette polyvalence puisqu’au niveau des ressources humaines, la polyvalence constitue un atout aussi bien pour les enseignant-e-s que pour les élèves et l’institution (double degré, aménagements scolaires, etc.)

Baisse de la qualité de l’enseignement

Une des forces de la formation genevoise est le nombre d’heures de présence dans les classes qui s’élève à 40%, l’un des plus élevé de Suisse. Une diminution de ce nombre d’heures impliquerait une baisse du niveau de compétence pratique des enseignant-e-s en entrant dans le métier.

Une formation adaptée aux enjeux sociétaux

Les profils des élèves sont de plus en plus hétérogènes. Or, une formation en 3 ans réduira le temps alloué à certains contenus indispensables pour répondre aux besoins spécifiques de ces élèves. Par ailleurs, Genève est un canton urbain qui génère des situations complexes et nécessite de fournir une formation dotant les étudiant-e-s des compétences nécessaires pour lutter contre les inégalités sociales, faciliter l’intégration, prévenir l’échec et le décrochage scolaires, offrir des soutiens différenciés et impliquer les familles.

Par Marjorie de Chastonay, députée