Lacunaire, incohérent et incertain. C’est en ces termes que les Verts genevois qualifient le projet de budget présenté par le Conseil d’Etat. Outre de graves imprécisions dans les explications des différentes coupes budgétaires, le projet de budget souffre d’incohérences, notamment au niveau de la diminution des charges de personnel. Ces défauts plongent l’avenir budgétaire du canton dans l’incertitude, puisqu’il est très probable qu’aucune majorité ne se dessine pour voter ce projet de budget au Grand Conseil.

Le projet de budget présenté ce matin par le Conseil d’Etat ne convainc pas les Verts genevois. De prime abord, les politiques publiques qui leur sont chères, telles que le social ou la mobilité, sont privilégiées. Il s’agit cependant d’un trompe-l’œil : l’augmentation des dépenses sociales n’est que le reflet d’une précarisation croissante de la population, les moyens consentis pour la formation ne font que suivre la courbe de croissance démographique et l’augmentation des moyens dans le domaine de la mobilité est artificielle. Cette dernière est en effet liée à des mécanismes comptables et n’aura aucun impact positif sur la mobilité genevoise, et en particulier sur la mobilité douce, qui reste le parent pauvre malgré l’acceptation d’une initiative par le peuple. Enfin, les Verts déplorent la coupe financière subie par la politique de l’environnement, sans explications, alors que cette dernière disposait déjà de moyens financiers insuffisants.

Les mesures d’économies touchent de manière disproportionnée le personnel de la fonction publique, en prévoyant notamment une augmentation du temps de travail des fonctionnaires. Cette mesure désole les Verts qui y voient une grave détérioration des conditions de travail et de la qualité de vie. Totalement contre-productive, elle ne fera que diminuer l’attractivité de l’Etat employeur et la qualité des prestations fournies. Il est temps de rappeler au Conseil d’Etat que travailler plus ne signifie pas travailler mieux. Enfin, attirer un personnel qualifié et compétent sera encore mis à mal par la mesure consistant à réduire de deux annuités l’engagement des nouveaux collaborateurs, une mesure qui plus est aggravée par la suspension du versement des annuités.

En outre, les mesures préconisées par l’exécutif souffrent d’incohérences et d’illisibilité. L’objectif affiché de diminuer de 5% les charges du personnel au cours des trois prochaines années est totalement irréaliste. Il est d’autre part incompréhensible dès lors que le Conseil d’Etat affirme vouloir créer 119 postes équivalents temps-plein (ETP) en 2016 ! Difficile d’en dire plus sur ce flou artistique, puisque le projet de budget ne contient pas de décompte clair de la croissance du nombre d’ETP et des charges en personnel. L’exposé des motifs, laconique concernant les « nouvelles mesures en cours d’étude » et lacunaire quant aux explications sur les coupes budgétaires et le montant de la dette n’améliorent en rien la qualité du projet de budget 2016.

Les différentes coupes précitées auraient pu être nettement moindres si le boni aux comptes 2014 avait été affecté à la réserve conjoncturelle plutôt que provisionné pour la caisse de prévoyance de l’Etat de Genève (CPEG). Pour atténuer le choc, des mesures efficaces peuvent encore être prises. Les Verts genevois demandent que le Conseil d’Etat poursuive sa réflexion quant aux niches fiscales, dont la suppression serait source de revenus supplémentaires et souhaitent que la réforme de l’estimation fiscale des immeubles soit entreprise en vue d’augmenter les recettes publiques. Enfin, ils accueillent favorablement les propositions fiscales du Conseil d’Etat, parmi lesquelles figurent le plafonnement de la déduction des primes d’assurance-maladie et la déductibilité des frais de déplacement. Ils espèrent que l’ensemble des partis gouvernementaux assumeront leurs responsabilités et ne les refuseront pas d’emblée comme ils l’ont fait par le passé.

Il convient d’insister sur l’inconnue qui entoure ce projet de budget. En effet, il est lié à l’adoption de nombreux projets de loi au Grand Conseil dont le soutien par une majorité est pour l’instant tout sauf assuré. L’adoption d’un budget d’ici la fin de l’année peut donc se résumer à ce stade à un grand point d’interrogation, une situation pour le moins inquiétante et regrettable.