Marjorie de Chastonay

Question urgente écrite déposée par Marjorie de Chastonay en mars 2021

Texte complet et réponse du Conseil d’Etat: QUE 1514 A

Exposé de la question:

Lors de la visioconférence de l’association « Rien ne va plus », organisée
par le syndicat Avenir Syndical, Patrick Froté, docteur en psychologie,
responsable du centre Mail de la « Fondation Phénix », Yaniv Benhamou,
avocat, professeur associé à l’UNIGE, et Yvan Mariblanca, de l’Institut
numérique de Recherche en Suisse, ont mis en évidence les différents risques
liés au numérique.

La question fondamentale qu’on peut se poser est de savoir dans quelle
mesure le numérique est un gain dans la formation de l’élève et quelle place
celui-ci doit prendre dans le quotidien d’un jeune. Partant des constats faits
par certains intervenants, il apparaît que la souffrance des jeunes en lien avec
le numérique est importante. Le lien avec les parents, avec la réalité tangible
et physique, est souvent brisé et difficile à retrouver lors de contacts trop
récurrents avec les écrans.

Le gain du numérique dans les acquis scolaires n’est pas prouvé,
d’ailleurs l’étude Pisa (programme international pour le suivi des acquis des
élèves) montre que la Tunisie et la Turquie, pays où les élèves sont peu
connectés, restent les meilleurs en mathématiques.

L’élève perd en autonomie et en initiative dans la planification de son
travail, devenant dépendant des informations reçues sur la plateforme
numérique.

Les risques issus de la divulgation des images et des données ouvrent la
porte au cyberharcèlement, à la diffamation, à la fuite des données. Il apparaît
que l’élève et le corps enseignant ne sont pas, à ce jour, protégés comme pour
les autres actes de violence par les institutions. En cas de diffamation, de déficit d’image, c’est à l’individu de porter plainte. L’institution, quant à elle,
procédera à une dénonciation seulement si elle le juge nécessaire.

Par ailleurs, la transition numérique va à l’encontre de la transition
écologique, sachant que les nuisances écologiques du numérique, à
équivalence de celles du trafic aérien, se montent en 2018 à 4% des émissions
totales de gaz à effet de serre. Celles-ci ont dû largement augmenter en 2020
suite au confinement et au télétravail. Sans compter l’impact de l’extraction
des matières premières indispensables à la fabrication des outils numériques :
un tiers des ressources en or est désormais dans les décharges électroniques.
Des pays entiers sont sous le joug de l’extraction des terres rares.

Dès lors, je pose les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  • Quel est le déploiement du wifi dans les écoles ?
  • L’achat du matériel informatique au primaire est-il en adéquation avec
    le PER (plan d’étude romand) ?
  • Est-il nécessaire d’imposer l’achat de matériel informatique aux élèves
    du secondaire II ?
  • La plateforme utilisée par les enseignant.e.s est-elle fiable ?

Sachant que, dans le même temps, les plans d’étude du collège de Genève
et de l’ECG se déploieront dès la rentrée 2021, et que l’enseignement
numérique touche à toutes les branches enseignées dans leur transversalité, je
pose également les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  • Quels sont les avantages de l’éducation au numérique ?
  • Qu’en est-il de la formation de tous les enseignants au numérique ?
  • A-t-on adopté une charte numérique respectant tous les enjeux
    écologiques, socio-économiques, pédagogiques ?

Réponse du Conseil d’Etat

En 2018, le département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse a publié un document sur sa vision du numérique à l’école1 exposant les principes qui guident ses travaux dans le domaine. Il soumettra très prochainement au Grand Conseil un rapport divers détaillant sa mise en oeuvre sur la base du Plan d’études romand « Education numérique », adopté formellement par la Conférence latine des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CIIP) le 18 mars 2021 pour l’enseignement obligatoire et sur la base des plans d’études-cadre pour le collège et l’école de culture générale (ECG), qui président à l’introduction de la science informatique dès la rentrée 2021 dans ces deux filières de l’enseignement secondaire II.