Sophie Bobillier

Question déposée par Sophie Bobillier en septembre 2025

Texte complet: Q 4101

Exposé de la question:

En 2021, l’âge minimum pour conduire un cyclomoteur jusqu’à 45 km/h a été abaissé à 15 ans, et les jeunes de 16 ans ont eu accès aux motos de 125 cm³[1]. Cette réforme, visant à harmoniser la législation suisse avec celle de certains pays de l’Union européenne, a toutefois entraîné une augmentation significative des accidents graves chez les jeunes motocyclistes. Le nombre d’accidents graves chez les moins de 18 ans a plus que doublé, passant de 51 accidents graves et 1 décès annuel avant la réforme à 135 accidents graves et 4 décès depuis sa mise en œuvre.

Genève n’est aucunement épargné. Le Canton comptait 5 personnes conductrices de deux-roues à avoir perdu la vie à l’automne 2024.[2]

Selon le Bureau suisse de prévention des accidents (BPA)[3], cette hausse des accidents peut être attribuée à la combinaison de l’inexpérience des jeunes conducteurs et à la puissance des motos. Malgré une formation reçue, les jeunes personnes motardes ou scootéristes manquent souvent de pratique et de compétence pour anticiper les dangers sur la route. De plus, des facteurs liés à l’âge, tels qu’une gestion des impulsions moins maîtrisées et une propension accrue à prendre des risques, exacerbent ces dangers. Les jeunes ont également tendance à surestimer leurs capacités, ce qui contribue à l’augmentation des accidents.

De nombreuses voix s’élèvent en faveur d’une révision de la législation fédérale, notamment pour un relever l’âge minimal requis pour conduire une moto légère à 16 ans, et à 18 ans pour les motos de 125 cm3, comme c’était le cas avant 2021. Cette mesure vise à réduire le nombre d’accidents graves et à une meilleure protection des jeunes personnes conductrices[4].

En décidant de s’aligner sur les normes européennes, Berne a pris des décisions, au prix de jeunes vies humaines, sans qu’aucun changement se justifiait au niveau suisse. Cette révision a engendré des blessures et des morts évitables, ainsi qu’à des couts énormes pour notre société.

Enfin, bien que des efforts aient été faits pour renforcer la formation pratique de base des jeunes motocyclistes, en passant de 8 à 12 heures de conduite obligatoire, le BPA estime que cela reste insuffisant.

Au vu de ce qui précède, je sollicite le Conseil d’État afin qu’il réponde aux questions suivantes :

  1. Quels moyens sont mis en place pour sensibiliser les jeunes et leurs familles aux risques liés à la conduite de motocycles puissantes, en particulier dans les années suivant l’obtention du permis ?
  2. Comment les autorités cantonales et les écoles de conduite peuvent-elles mieux collaborer pour offrir une formation plus ciblée, complète et mieux adaptée aux défis spécifiques rencontrés par les jeunes personnes motardes ?
  3. Comment ce problème est adressé par le Conseil d’État et quelles discussions ont lieu entre le Conseil d’État et Berne à ce sujet ?

[1] https://www.news.admin.ch/fr/nsb?id=81639

[2] https://www.blick.ch/fr/suisse/un-jeune-motard-temoigne-si-mes-parents-m-avaient-laisse-rouler-a-16-ans-je-ne-serais-peut-etre-plus-la-aujourd-hui-id20427436.html

[3] https://www.bfu.ch/fr/le-bpa/politique/adolescent-es-a-moto

[4] https://www.blick.ch/fr/suisse/le-nombre-daccidents-a-double-les-motos-125-cm3-sont-elles-trop-dangereuses-pour-les-jeunes-de-16-ans-id20683916.html