Alors que le droit d’asile a été fortement affaibli au fil des révisions de la loi fédérale sur l’asile, les personnes victimes de persécutions ont au contraire besoin de reconnaissance et de soutien pour se reconstruire ici. Déterminés à défendre le droit d’asile, les Verts genevois déposent trois motions au Grand Conseil pour une meilleure prise en charge des jeunes et pour l’amélioration de la situation des personnes déboutées de l’asile.

Le droit d’asile, attaqué depuis des dizaines d’années par la droite conservatrice, a été fortement affaibli au fur et à mesure des révisions de la loi fédérale sur l’asile (LAsi), avec une prise en charge des bénéficiaires toujours plus restreinte. Or, c’est tout le contraire dont les personnes fuyant les persécutions ont besoin : souvent traumatisées, elles nécessitent une reconnaissance et prise en charge de qualité pour se reconstruire dans les meilleures conditions ici. La société d’accueil se doit de répondre à ces besoins, pour le bien des individus concernés et dans le respect de leur dignité, mais également dans l’intérêt de l’ensemble de la collectivité.

Attachés au respect du droit d’asile, les Verts genevois déposent trois motions au Grand Conseil pour améliorer la prise en charge des jeunes et la situation des personnes déboutées de l’asile dans le canton de Genève. La première motion, déposée par Frédérique Perler, vise le projet de centre pour requérant.e.s d’asile mineur.e.s non accompagné.e.s (RMNA), dont la construction est prévue à Vernier. Selon les plans actuels, ce futur centre devrait accueillir 88 enfants et 32 membres de familles, tandis qu’un.e éducateur.trice sera chargé.e de l’accompagnement de 5 à 6 RMNA. Selon les expert.e.s de la protection de l’enfance et de la jeunesse, pour assurer le bon développement des enfants, pas plus de 40 à 50 jeunes ne devraient être regroupé.e.s au sein de la même structure et l’encadrement devrait être renforcé. La motion demande donc le redimensionnement du centre, un concept architectural qui permette un encadrement des RMNA par « groupes de vie », au sein de petites unités et un taux d’encadrement plus élevé des enfants.

Une fois passés à l’âge adulte, les ex-RMNA sortent du dispositif de prise en charge des mineurs et se retrouvent très vite sans accompagnement social, sanitaire et pédagogique. A Genève, ils et elles étaient 256 dans cette situation en septembre dernier. Or, les expert.e.s dans le domaine préconisent d’éviter une coupure si brutale et de maintenir les prestations prévues par les politiques de l’enfance et de la jeunesse jusqu’à 25 ans. Le Conseil d’Etat lui-même a reconnu la nécessité de poursuivre l’accompagnement des jeunes, sans pour autant investir les ressources correspondantes. Marjorie de Chastonay a donc déposé une motion enjoignant le Conseil d’Etat à assurer un accompagnement sociopédagogique de qualité des ex-RMNA jusqu’à 25 ans.

Lorsqu’une demande d’asile est rejetée ou qu’une admission provisoire est retirée, la personne concernée n’est plus autorisée à travailler ou à terminer son apprentissage. Or, parmi les personnes déboutées de l’asile, certaines ne quitteront pas le territoire avant plusieurs années. A Genève, les quelques 360 personnes déboutées de l’asile le sont depuis plus de deux ans en moyenne. Dans ce contexte, pourquoi retirer les repères que peuvent constituer le travail ou la formation et forcer le passage au régime de l’aide d’urgence, extrêmement précarisant ? David Martin demande au Conseil d’Etat, par voie de motion, de prendre langue avec les autorités fédérales, en vertu de l’article 43 de la LAsi, en vue de prolonger l’autorisation d’exercer une activité lucrative lorsque le renvoi est irréalisable. La menace de renvoi étant épuisante et insupportable sur le long-terme, la motion invite également le Conseil d’Etat à demander un permis de séjour au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour les personnes déboutées de l’asile qui répondent aux critères de régularisation, conformément à l’article 14 de la LAsi.