La séance commence avec les discours des chef-fe-s de groupe et l’entrée en matière sur le projet de budget qui est acceptée : « Doter l’Etat de Genève d’un budget de fonctionnement est une nécessité. Mais nous ne rejoindrons pas la majorité à n’importe quel coût, ou à n’importe quelle coupe ! » (David Martin).

A la table des rapporteurs, le rapporteur de majorité, Jacques Blondin (LC), la 1ère rapporteure de minorité, Caroline Marti (PS), la 2ème rapporteure de minorité, Marjorie de Chastonay (Ve) et le 3ème rapporteur de minorité, Michaël Andersen (UDC).

Pendant plus de 20 heures, la gauche mettra tout en œuvre pour contrer les velléités et les multiples attaques de la droite élargie, à savoir le PLR, l’UDC, le Centre, le MCG et LJS. Nous savons désormais qui est à droite et qui est à gauche.

Le canton de Genève a désormais un budget 2024 dont les charges se montent à 10,37 milliards de francs pour 10,33 milliards de recettes. Le déficit attendu pour l’année prochaine est de 48,3 millions, soit une augmentation de 3,5 millions par rapport au projet issu de la commission des finances.

Les Vert-e-s ont refusé un budget incohérent avec les engagements pris par l’Etat et votés par ce même Grand Conseil, incohérent face à l’urgence climatique, face à l’inflation et à la précarisation de la population, face aux besoins accrus et face à l’augmentation scandaleuse des primes d’assurance maladie.

Malgré nos dizaines d’heures passées à débattre sur des centaines d’amendements dont plusieurs dizaines que nous avons déposés conjointement avec le PS, malgré les arguments invoqués par le Conseil d’Etat, nous n’avons pas réussi à changer la majorité de droite élargie qui a écrasé au rouleau compresseur des postes nécessaires à la transition écologique, à la formation, à l’aide sociale et aux prestations de la population de manière plus large.

Nous avons tenté de convaincre mais le paquet était ficelé.

Sur la politique B (Etats-majors et prestations transverses) , « (…) Il est à notre sens incohérent de voter des lois d’investissement et de ne pas attribuer les ressources humaines permettant de les accompagner. Les compétences pluridisciplinaires recherchées (architectes ingénieurs, …) ne peuvent pas être transférées depuis d’autres services de l’Etat. (…) » réplique Pierre Eckert.

Sur la politique E (Environnement et Energie), « (…) Ce budget reflète des priorités du passé : moins de 1% des dépenses pour protéger la nature. Ceci doit changer mais avec cette majorité de droite, cela va être difficile à corriger, mais pas impossible. » rétorque Philippe de Rougemont. Cédric Jeanneret rajoute : « (…) Un rapport de la Cour des Comptes pointait à juste titre le manque de personnel de l’OCEN. Les subventions sont destinées à notre économie et à notre environnement : couper des postes à l’OCEN, c’est priver les propriétaires, les locataires et les entreprises de l’accès à une manne précieuse. (…) ».

Sur la politique C (Cohésion sociale), Emilie Fernandez dénonce : « les coupes scandaleuses opérées par la majorité dans la politique C en particulier les postes coupés dans la protection des personnes adultes sous curatelle. (…) ». Léo Peterschmitt rajoute : « (…) Les 17,7 millions enlevé à l’aide aux migrants aura comme conséquence la dégradation des conditions d’hébergements, des programmes d’intégrations et de soutien psychosocial des requérant-e-s d’asile. Le foyer de l’Etoile vient de fermer et les jeunes qui y ont vécu vont porter les séquelles du manque d’accompagnement et de soutien de l’Etat pendant tout le reste de leur vie. (…) ».

Sur la politique F (Formation), Laura Mach dénonce les postes coupés dans l’enseignement ordinaire mais aussi dans l’enseignement spécialisé.

Sur la politique I (Impôts et finances), Julien Nicolet-dit-Félix réplique : « Genève est le champion de Suisse de l’erreur dans les prévisions fiscales. Pour 2022, l’écart entre le budget et les comptes s’est élevé à 1400 millions de francs. Pour 2024, on prévoit ainsi des recettes inférieures de 900 millions aux recettes effectives obtenues en 2022. C’est sur cette base déconnectée de la réalité qu’on cherche à équilibrer le budget. C’est mentir aux Genevois-e-s. ».

Sur la politique K (Santé), Louise Trottet dénonce : « La politique de santé ne fait pas exception aux coupes arbitraires et obsessionnelles effectuées en commission des finances. Ainsi, la majorité de droite a joyeusement taillé dans des programmes tels que la promotion de la santé, la coordination des soins, le programme Cogeria, le registre des tumeurs, etc. (…) ».

Après cela, nous avons espéré des prises de conscience sur certains enjeux et plus spécifiquement sur la transition écologique (15 ETP supprimés et la non création de postes indispensables), sur la précarisation de la population, sur la formation et sur les engagements pris par le Conseil d’Etat suite au vote de notre Parlement de plusieurs lois, mais en vain !

Une petite lueur est apparue avec l’acceptation du Plan Crack via les 12 ETP, postes créés pour assurer la sécurité et la protection de la population. Une autre petite lueur a permis l’acceptation de l’augmentation de la subvention de l’association 1ère ligne qui est vite retombée lorsqu’au 3ème débat, le MCG a retourné sa veste et, en s’abstenant, a fait en sorte que l’AVIVO perde sa subvention cantonale à destination d’un office social venant en aide aux personnes âgées.

Alors que nous sommes en situation d’urgence climatique, urgence déclarée par ce Grand Conseil à la quasi-unanimité il y a 4 ans, les coupes faites dans la politique publique B (Etats-majors) en lien avec la rénovation énergétique des bâtiments de l’Etat mais aussi les coupes dans politique publique E (Energie et environnement) concernant des postes en lien avec la mise en application de la loi sur l’Energie, représentent une ATTAQUE FRONTALE contre la stratégie énergétique de notre canton. N’oublions pas les postes refusés dans la politique publique M (Mobilité), des postes nécessaires au développement de la mobilité douce dont les axes forts vélos font partie. Il y a aussi eu des postes confisqués pour développer les infrastructures ferroviaires et l’extension des lignes de tram.

La droite élargie a attaqué la transition écologique mais aussi la formation (politique publique F). Elle a refusé de voter des postes de TERRAIN, des postes nécessaires à l’augmentation démographique, des postes indispensables à l’augmentation des violences et des besoins.

Avec une multitude d’amendements Vert-e-s et PS, nous avons tenté d’augmenter l’indexation des salaires de 1% à 1,4%, pour le petit Etat, tout comme le Grand Etat, mais sans succès. Nous nous sommes battus pour récupérer les 17 millions retranchés à l’Hospice générale, au plan d’urgence pour le crack (finalement réintroduit), aux postes du DIP et de l’OMP (70 nouveaux postes), au soutien aux séniors à travers les moyens accordés à l’IMAD et la subvention à l’AVIVO, à la subvention du RPSL qui a aussi été supprimée, aux postes pour la rénovation énergétique des bâtiments, aux postes prévus pour la mobilité douce, mais la droite élargie n’a rien accepté.

Pour toutes ces raisons, les Vert-e-s ont refusé de soutenir ce budget scandaleux et ont dénoncé l’incohérence de l’alliance de droite. Ce budget 2024 n’est ni à la hauteur des préoccupations sociales des habitant-e-s, ni à la hauteur des engagements cantonaux en matière climatique.

Par, Marjorie de Chastonay, députée et commissaire aux finances.

Textes déposés par les Vert-e-s: