Julien Nicolet-dit-Félix

Motion déposée par Julien Nicolet-dit-Félix en octobre 2023

Texte complet: M Formation continue

Exposé des motifs:

En pleine crise budgétaire, au cours de l’hiver 2015-16, le DIP a conditionné le respect des effectifs maximum dans les classes de l’ESII à la suppression de l’organisation de séminaires de formation continue (dits « formation catalogue ») sur temps scolaire. Le temps scolaire correspond aux heures où les des cours sont organisés et ne correspond pas au « temps d’enseignement » de chaque enseignant qui ménage des plages de travail hors classe plus ou moins importantes dans son horaire hebdomadaire.

Cette décision a eu pour effet rapide de voir le nombre de séminaires proposé décroître, puisque les plages disponibles se retreignaient au mercredi après-midi, au samedi et dans quelques cas aux soirées. Il est à relever que bon nombre de séminaires n’ont pu être organisés du fait de l’indisponibilité du spécialiste pressenti à des horaires aussi restreints. Au-delà des contraintes horaires des formateurs, il faut savoir que, dans plusieurs domaines, les responsables de la formation continue profitaient du passage de personnalités éminentes de leur discipline à Genève pour leur proposer de présenter un séminaire pour les enseignants secondaires. C’est ainsi que, entre 2005 et 2015, on a vu Nicolas Offenstadt, Michel Lussault, Eric Laurent, Philippe Rekacewicz ou Patrick Geary consacrer une demi-journée (ou plus) aux enseignants genevois. De plus, les séminaires nécessitant une journée sur le terrain ont également presque disparu de la formation catalogue.

Par ailleurs, le corps enseignant est le personnel de l’Etat qui travaille le plus à temps partiel[1], le plus souvent pour des raisons familiales ou du fait d’autres occupations professionnelles. De ce fait, on comprend aisément que la participation à des séminaires organisés hors temps scolaire peut s’avérer particulièrement problématique, ce qui explique la chute des inscriptions subséquente à la décision du DIP.

Du fait de ces deux phénomènes, la formation continue proposée au corps enseignant n’est plus que l’ombre d’elle-même. Si les effets de ce désastre ne sont pas immédiatement perceptibles, car d’autres moyens existent de maintenir son niveau de formation, l’éloignement progressif des enseignants du monde universitaire peut avoir des conséquences néfastes sur le long terme, tant pour les enseignants eux-mêmes que pour leurs élèves.

En effet, il est capital que les élèves comme le corps enseignant bénéficient des dernières avancées de la recherche en didactique, en éducation, en docimologie et dans les disciplines académiques enseignées. Il est par ailleurs fondamental pour les enseignants de disposer de plages d’échange avec leurs collègues d’autres établissement et de prise de recul sur leur pratique professionnelle.

L’Etat encourage par différents dispositifs les employeurs de l’économie privée à faciliter et financer la formation continue des employés. En tant qu’employeur, il a le devoir de s’engager pour la formation continue de son personnel. Dans ce sens, les sommes consacrées aux remplacements des heures d’enseignement manquées pour cause de formation continue semblent dérisoires face à l’intérêt pour les élèves de côtoyer des enseignants au fait des dernières évolutions académiques et didactiques.

[1] 50,0% des enseignants travaillent à temps partiel soit 55,8% des femmes et 38,6% des hommes (Bilan social 2022).