Echos du Grand Conseil des 25 et 26 septembre 2025: changement dans le groupe des Vert-e-s, refus de motions transphobes, oui en demi-teinte au Trèfle-Blanc, taxis zéro émission, pas de complicité économique avec les génocides
La première partie de cette double session de septembre a été marquée, entre autres, par le départ de Lara Atassi, qui quitte ses fonctions pour des raisons professionnelles, et par l’arrivée d’Ayari Félix Beltrametti, nouvelle députée suppléante, tandis que Céline Bartolomucci devient députée titulaire; le rejet ferme de motions (encore!) transphobes de l’UDC; le dépôt d’un projet de loi Vert pour interdire la participation économique de l’Etat au crime de génocide, un oui mitigé à la nouvelle Patinoire du Trèfle-Blanc, et un revers pour le MCG sur son projet de loi modifiant la LTVTC
Cette session a été marquée, au niveau de notre groupe, par le départ de Lara Atassi, qui démissionne de ses fonctions pour des raisons professionnelles, et par la prestation de serment de Céline Bartolomucci en tant que députée titulaire et celle d’Ayari Félix Beltrametti, en tant que nouvelle députée suppléante.
C’est avec tristesse que le groupe des Vert-e-s voit partir Lara et nous lui souhaitons tout le meilleur à Sion ces deux prochaines années, mais avec joie que nous accueillons notre nouvelle collègue de parti, Ayari Félix !
C’est aussi l’occasion de vous annoncer un changement de chefferie au sein de notre groupe: David Martin, ancien chef de groupe, et Laura Mach, ancienne vice-cheffe, après avoir brillamment codirigé le caucus du Grand Conseil, passent le flambeau à Louise Trottet, secondée par Julien Nicolet-dit-Félix, qui ont officié dans leurs nouveaux rôles pour la première fois lors de cette session!
Voici les objets parlementaires le plus importants ayant été traités cette session :
En premier lieu, nous avons voté sur le crédit d’investissement de la nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc de 275 millions de francs, accepté par une majorité du parlement.
Philippe de Rougemont a résumé la position Verte :
« Le groupe des Vertes et des Verts a décidé de laisser la liberté de vote sur le projet du Trèfle banc.
Une partie du groupe salue un projet qui adopte l’état de l’art dans l’architecture et l’intégration du projet dans le développement des transports publics. Le Trèfle-Blanc maintiendra Genève parmi les villes répondant aux nouvelles normes régissant les patinoires habilitées à organiser des rencontres dans le cadre de la ligue suisse de hockey sur glace. Le projet fournira un P+R de 900 places et fera largement appel au matériau bois pour sa construction.
L’autre partie du groupe regrette que le canton laisse une fédération internationale de hockey privée imposer ses normes, rende la patinoire des Vernets « obsolète » et se laisse contraindre à financer une patinoire pour des show-business sur glace. Cette patinoire vient d’être rénovée, elle répond aux besoins de la population et n’est obsolète qu’aux yeux d’une multinationale du sport qui vend des droits de retransmission et de sponsoring. Les Vernets, « patinoire obsolète », ont permis au Genève Servette de devenir champions suisses en 2023 et européens en 2024. Sans parler de la dépense supplémentaire de diverses ressources rares que ce projet accaparerait. »
Les considérations écologiques, notamment liées au parking annexé à la patinoire ont aussi pesé dans la balance pour une partie du groupe des Vert-e-s.
Lors du vote, la majorité du groupe était répartie entre refus et abstentions.
Un projet de loi du MCG voulait initialement repousser l’objectif « zéro émission » pour les taxis. Finalement, un amendement du département a permis un retour aux exigences initiales et un amendement vert a, quant à lui, permis l’ajout d’exigences intermédiaires.
« Il s’agit d’une belle histoire, car, sur la base de l’amendement du département qui réitère l’exigence, pour les taxis et VTC, de passer au « zéro émission » dès juillet 2030, et face à l’inertie des milieux professionnels, un amendement vert a permis d’ajouter une échéance intermédiaire, le 1er janvier 2028, à partir de laquelle les taxis nouvellement mis en circulation n’auront plus le droit d’émettre directement du CO2. Il s’agit d’une mesure importante en vue du Plan climat, mais également pour faire la démonstration que l’écomobilité est non seulement possible, mais également confortable et économique. » Julien Nicolet-Dit-Felix
M 2956-A et M 2961-A – encore des textes obscurantistes de l’UDC
Cette session a aussi été le théâtre de nouvelles attaques contre les personnes Trans*, avec deux textes que je qualifierais de dégueulasses et dont les débats ont été choquants, avec des propos ignobles venant notamment de l’UDC (votez Walder le 19 octobre !). Ces deux motions ont été heureusement balayées par la majorité du parlement, seuls le MCG et l’UDC les ayant acceptées.
M 2956-A « Protéger nos enfants des atteintes au développement de leur identité »
« Sous un titre si vertueux auquel tout le monde ne peut évidemment qu’adhérer, cette motion cache un but bien plus douteux et dangereux, ouvrant la porte à une censure culturelle sans précédent. Cette motion n’est pas une protection des enfants, c’est une attaque contre la liberté culturelle et contre la diversité. En interdisant toute représentation où un homme joue un rôle de femme pour les moins de 16 ans, on ouvre la voie à une censure absurde qui pourrait s’appliquer aussi bien au théâtre classique qu’à la représentation de Marie-Thérèse Porchet au Cirque Knie.
[…]
Les enfants ne sont pas « menacés » par des contes lus par des artistes, drag queens ou non. Ils sont menacés par l’intolérance et la censure. Les drag queens évoquées dans les considérants et dans l’exposé des motifs transmettent, comme d’autres artistes, des histoires de tolérance, de respect et d’estime de soi. » Céline Bartolomucci
- M 2961-A « Quo vadis, inclusion ? – Halte au catéchisme du genre dans les écoles et hôpitaux genevois »
« Encore une fois, et évidemment à l’ère trumpiste on peut dire que ce type d’attaque à la liberté ne fait que s’accentuer, cette motion cache sous son prétendu but vertueux, une attaque pure et simple non seulement de l’inclusion de chacun et chacune dans toute sa diversité, mais également contre l’école publique. Comme la précédente motion traitée, ce texte repose sur la caricature, la peur de la différence, et surtout une grande ignorance.
(…)
Refuser aux élèves une information claire et adaptée, c’est renforcer la stigmatisation, l’isolement et les risques d’abus. C’est aussi mettre en danger les jeunes qui, eux, ont réellement besoin d’écoute et de soutien. » Céline Bartolomucci
Le parlement a également tristement refusé l’ajout en urgence d’une résolution socialiste en soutien à la Global Sumud Flotilla qui se dirige actuellement en direction de Gaza avec de l’aide humanitaire. Le groupe des Vert-e-s regrette ce refus, rappelant qu’un texte similaire avait été accepté dans le canton de Vaud. De manière inédite, je souhaite citer un député PLR vaudois – Pierre-André Romanens – ayant accepté cette proposition seul dans son groupe pendant les débats du Grand Conseil vaudois :
«Nous sommes le pays d’Henri Dunant. Les Suisses sont un peuple courageux, ni de droite ni de gauche, je m’en fous, ce que je vois dans cette flottille, c’est des gens qui tentent de créer un couloir de vie pour apporter de la nourriture dans un territoire où des centaines d’enfants meurent tous les jours. […] Je ne veux pas lever les bras en disant que je ne peux rien faire.»
Le parlement a également accepté un ajout d’un projet de loi Vert-e-s sur la prévention de la participation économique au crime de génocide par l’Etat et les institutions publiques. Le but est que Genève se dote d’un instrument clair et contraignant afin d’empêcher de manière durable que l’argent public genevois, directement ou via des partenariats, ne puisse soutenir – même involontairement – des régimes ou entreprises impliqués dans un génocide.
En portant ce texte, les Vert-e-s entendent affirmer que notre canton ne peut ni fermer les yeux ni participer, même indirectement, aux pires crimes contre l’humanité. Plus d’informations ici.
Par Léo Peterschmitt
Député au Grand Conseil
Membre de la commission des affaires sociales
Membre de la commission de la santé