Echos du Grand Conseil des 30 et 31 octobre 2025: arrivée de notre nouveau conseiller d’Etat, attaques au salaire minimum, un ordre du jour monopolisé par les 2-roues motorisés et les vertus de la buvette
Du côté des réjouissances, cette session d’octobre a été marquée par l’arrivée de notre nouveau conseiller d’Etat Nicolas Walder, que nous avons accueilli et célébré comme il se doit, ainsi que par l’adoption d’une motion verte demandant de renforcer la sécurité des cyclistes face aux véhicules lourds. Du côté plus sombre, l’exemption du salaire minimum pour les jobs d’été portée par la droite a passé la rampe (référendum, bonjour!) et l’ordre du jour a été monopolisé par des objets faisant la promotion des deux-roues motorisés. Enfin, grâce à l’aide inattendue de la buvette du Grand Conseil, une résolution portée par la gauche demandant le regroupement familial d’une famille gazaouie a été acceptée à notre plus grande satisfaction !
Par Laura Mach et Clarisse Di Rosa
La première séance du 30 octobre a plutôt bien commencé avec notre éloquent collègue Julien Nicolet-dit-Félix, qui a illustré avec verve le temps perdu par notre parlement à traiter la multitude d’objets inutiles déposés par l’UDC, dans le cadre du débat sur le PL 13394-A, « Halte à l’inflation législative », qui en était caractéristique. Celui-ci prévoyait que toute nouvelle loi votée devait systématiquement en remplacer une existante : une loi entre, une loi sort – sans considération de leur utilité, leur portée ou leur impact. On avait appris le terme de « coquecigrue » lors de la session précédente… Si vous ne saviez pas dans quel contexte l’utiliser, ce projet de loi, largement refusé par le parlement, en est la définition même !
Encore un référendum en vue !
Les débats ont également été âpres autour de l’exemption du salaire minimum pour les jobs d’été (PL 13445-A). Notre commissaire à l’économie, Pierre Eckert a été très clair dans son rapport de minorité : « Ce projet de loi ne touchera que de façon marginale les étudiantes et étudiants qui pratiquent des jobs d’été pour, je cite « pour de l’argent de poche ou un projet de voyage par exemple », selon les propos de l’auteure du texte. De loin pas toutes les étudiantes et tous les étudiants sont dans cette situation favorable. On estime qu’un bon tiers du corps estudiantins à Genève se trouve en situation de précarité. »
Notre collègue Angèle-Marie Habiyakare a elle aussi défendu notre position : « Créer une exception du salaire minimum pour les jobs d’été, c’est affaiblir ce principe. Pour de nombreux jeunes, les jobs d’été ne sont pas une option, mais une nécessité : ils travaillent pour payer leur loyer, leurs repas, leurs assurances. Ce texte n’est pas un pas en avant, c’est un recul social. Le salaire minimum ne doit pas devenir une variable d’ajustement selon l’âge ou la saison. Il est un socle, et il doit le rester. » Le texte, largement soutenu par la droite, a été accepté et sera soumis au référendum automatique. La population aura donc le dernier mot.
Un ordre du jour saturé de deux-roues motorisés
Nous avons également traité d’un florilège d’objets portant sur la mobilité – et en particulier sur les deux-roues motorisés. Citons en premier lieu les objets heureusement refusés : le PL 13180-A et la M 2868, énièmes textes portant sur la question des macarons, déposés par le MCG, proposant un montant en fonction du revenu. Notre commissaire aux transports Cédric Jeanneret a rappelé qu’un macaron à Genève coûte 17.-/mois, le moins cher de Suisse, tout en encourageant les automobilistes peu fortuné·e·s à renoncer à leur véhicule individuel pour privilégier l’autopartage (par exemple, Mobility).
S’agissant des textes acceptés, Cédric Jeanneret s’est battu en vain contre le projet de loi PL 13405-A du MCG interdisant (de manière préventive) toute taxation du parcage des deux roues. Le vote était toutefois serré: 45 oui (PLR, UDC, MCG), 9 abstentions (Le Centre) et 41 non (Vert·e·s, PS, LJS). Toujours sur les deux-roues motorisés, la M 3025-A consistant à faire la promotion du parking moto a aussi été acceptée. Julien Nicolet-dit-Félix a précisé que nous n’étions « pas enthousiasmé·e·s par la substitution des voitures à quatre roues par les voitures à deux roues que sont les motos et scooters qui, s’ils ont l’avantage d’être de taille modeste, sont extrêmement bruyants et ne permettent de gagner du temps qu’au prix d’infractions à la LCR. Ils sont considérablement plus polluants et dangereux que les deux-roues non motorisés (ou électriques) ».
Relevons encore que, si le MCG François Beartschi a saisi cette occasion pour s’en prendre à la « prétendue mobilité douce » en parlant des vélos électriques et des vélos-cargos, il a su se retenir sur un point : même Pierre Maudet a « salué la performance de M. Baertschi , qui n’a pas prononcé le mot « frontalier » dans son intervention – sans doute n’en a-t-il pas eu le temps ! » Ce texte a hélas lui aussi été accepté et renvoyé au Conseil d’Etat…
En revanche, on salue l’adoption de la M 3039 « Camions-vélos : comment faire cohabiter l’éléphant et la souris », déposée par notre député Cédric Jeanneret, demandant au Conseil d’Etat de renforcer ses efforts en matière de prévention des accidents impliquant les vélos et les véhicules lourds, en particulier aux points accidentogènes du canton et en mettant l’accent sur les risques liés aux angles morts. Une jolie majorité s’est dessinée à la commission des transports avec des propositions simples, même si l’UDC, en évoquant le « faux sentiment de sécurité » donnée par certains revêtements au sol, en a profité pour insinuer que les cyclistes ne connaissaient pas le code de la route – c’est vrai que les scooters sont exemplaires…
Mais encore sur d’autres sujets…
On peut mentionner aussi l’acceptation de la motion 3044-A « Les enfants fumeurs malgré eux », demandant au Conseil d’Etat d’élaborer une législation interdisant la fumée sur les terrasses pendant les heures de repas. Le débat a mis en évidence le curieux positionnement de la droite, opposée au texte, alors qu’il s’agit de préserver la santé de la population. Prise de parole remarquée de notre cheffe de groupe Louise Trottet sur l’impact du tabagisme passif sur les enfants, même en extérieur, non seulement en termes de santé, mais surtout en tant qu’exemple auquel s’identifier – un geste « normal » lors d’un repas. Le magistrat chargé de la santé a promis de revenir rapidement avec une législation.
Les Vert·e·s ont également renvoyé à l’expéditeur deux réponses insatisfaisantes du Conseil d’Etat sur deux motions de notre députée Céline Bartolomucci : la M 3092-A relative à la fermeture de l’association Face à Face qui œuvrait pour la prise en charge des jeunes autrices et auteurs de violences, ainsi que la M 3069-B qui demandait l’inscription du canton de Genève à l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. La majorité du Grand Conseil a suivi notre groupe en les renvoyant au Conseil d’Etat et nous l’en remercions.
Que vous dire encore ?
Que la buvette a du bon quand elle permet à la droite de s’y prélasser et ainsi à un texte à laquelle elle était opposée de passer (on les en remercie !). Par 40 oui, 38 non et 6 abstentions, le parlement a adopté une résolution socialiste demandant à l’Assemblée fédérale de permettre le regroupement familial d’une famille gazaouie.
Mais surtout, nous avons été HEUREUX·SES d’applaudir la prestation de serment de notre nouveau conseiller d’Etat Nicolas Walder et nous avons bien rigolé quand les député·e·s se sont tout à coup arrêtés de chanter le Cé qu’è lainô… parce que le prompteur s’est éteint ! Ça valait vraiment la peine de mettre les paroles dans la constitution…
Belle semaine à toutes et à tous !
Laura Mach, députée au Grand Conseil
Vice-présidente de la commission de l’enseignement, de l’éducation, de la culture et du sport
Membre de la commission législative
Clarisse Di Rosa, députée suppléante au Grand Conseil
Membre de la commission des affaires sociales