Personne n’a pu passer à côté, ce 30 mai, les jeunes ont obtenu la gratuité pour les TPG. Pourtant nous avons commencé la session avec un geste beaucoup plus symbolique envers la jeunesse…

  • En effet, le-la benjamin-e du Parlement pourra, comme le-la doyenne d’âge, faire un discours lors de la première session parlementaire, grâce au projet de loi 13343  déposé par Angèle-Marie Habiyakare. Selon ses mots : « Ce projet de loi a pour objectif de mettre en avant la jeunesse de ce parlement. Laissons la s’exprimer. Permettre au plus jeune membre de s’exprimer lors de l’ouverture de la législature vise à symboliser le renouvellement et à souligner l’importance de la participation des jeunes en politique. »
  • L’autre élément jeune est bien évidemment l’adoption par le parlement du PL 13488 pour la gratuité des transports publics pour les jeunes en formation jusqu’à 24 ans inclus et une réduction de 50% pour les bénéficiaires AVS/AI. Défendu par David Martin, ce PL est un geste important en faveur des familles et des séniors.
  • En parallèle, le PL 13487, retirant les tarifs des TPG de la loi afin de donner une plus grande flexibilité au Conseil d’Etat a également été adopté. Le peuple devra probablement se prononcer dessus.
  • A noter également sur la thématique des transports publics, l’acceptation de la motion verte 2976, portée par Louise Trottet, qui demandait une meilleure signalétique des arrêts TPG aux abords des gares.
  • Pour finir sur cette question des transports, le Grand Conseil a rejeté la pétition 2192 demandant une limitation du trafic motorisé individuel à une seule voie au boulevard du Pont-d’Arve. Marjorie de Chastonay, qui portait pour cette pétition le rapport de minorité, a mis en exergue le fléau du bruit engendré par le trafic individuel : « Cette pollution sonore insoutenable devient une véritable nuisance, perturbant le sommeil, augmentant le stress, et affectant la concentration. Les Vert.e.s considèrent qu’il est fondamental de répondre à ces préoccupations légitimes et de trouver des solutions durables pour atténuer les nuisances sonores et améliorer la qualité de vie et la santé de toutes et tous. »

La session parlementaire a également été traversée par des questions d’actualité, notamment avec une attaque du PLR envers la liberté d’expression dans les universités :

  • Avec la motion M 3030, le PLR a prétendu défendre le fait que l’université et les hautes écoles restent des espaces de débats et de tolérance. Dénoncé par Julien Nicolet-dit-Felix, « ce texte, rédigé dans la précipitation, vraisemblablement pour faire obstacle à un texte concurrent est particulièrement mal étayé, puisque, quel que soit le regard que l’on porte sur les revendications de la CEP, il faut convenir que l’occupation de l’Université s’est faite dans le respect des lieux et des personnes. » Ce texte sera finalement renvoyé en commission de l’enseignement supérieur.
  • La question palestinienne était également présente lors de cette session. Premièrement à travers la résolution verte R 1038, portée par Sophie Bobillier et qui demandait une reconnaissance de l’Etat de Palestine par la Suisse. L’urgence ayant été refusée par la majorité, ce texte reviendra dans l’ordre du jour ordinaire à la prochaine session. Secondement, la pétition P 2201 demandait des actions politiques et humanitaires urgentes pour faire cesser la guerre et la catastrophe humanitaire en cours à Gaza. Après 8 mois de massacres et une situation humanitaire au bord du gouffre, il était nécessaire pour le parlement de réaffirmer son souhait pour un cessez-le-feu durable. Une occasion manquée, par une majorité qui trouve plus important de se concentrer sur des détails rédactionnels que de défendre le droit international.
  • Enfin, sur une note d’actualité beaucoup plus légère, le Grand Conseil a adopté la résolution R 1036 pour que Genève accueille la prochaine édition de l’Eurovision. La course est lancée !

Des thématiques économiques ont également été abordées :

  • En premier lieu la motion verte M 2587, qui demandait une expérience pilote du revenu de base inconditionnel à Genève. Défendu par Pierre Eckert, celui-ci nous a « révélé un scoop : le RBI existe déjà pour les personnes de plus de 65 ans. Cela s’appelle l’AVS. » Mais bien plus de personnes pourraient en bénéficier, de l’intermittent-e du spectacle, à la personne souhaitant se former pour effectuer une reconversion professionnelle, au parent souhaitant réduire son temps de travail pour s’occuper de son enfant sans souffrir trop d’une réduction de salaire. Comme l’a ajouté Julien Nicolet-dit-Felix : « Les utopies du 19e siècle, c’était les congés-payés ou l’assurance-chômage, choses qui paraissent aujourd’hui évidentes. Le RBI, c’est l’utopie du 21e siècle. Nos descendants se demanderont sans doute comment, à notre époque, nous pouvions vivre en étant contraints de vendre notre temps et notre travail pour survivre. » Une utopie que la majorité du Grand Conseil n’a même pas souhaité expérimenté…
  • Par ailleurs, le PL 13275, demandant une rente-pont dès 64 ans pour les femmes, déposé suite à l’acceptation en votation de la hausse de l’âge de départ à la retrait, a été refusé par la majorité.
  • Enfin, la pétition P 2186 demandait des salaires décents pour les doctorants de l’IHEID. Nous avons défendu « le principe de base que, lorsque l’on travaille, on doit être payé correctement, et pouvoir contribuer de façon adéquate aux cotisations sociales est intransigible. En contribuant à la prolifération des savoirs et à la formation des étudiants, les doctorants de l’IHEID font un travail louable qui mérite d’être rétribuer de façon adéquate. »

Et enfin, sur des questions plus culturelles et sociales :

  • Nous saluons l’adoption de la motion M 2770, qui propose une nouvelle approche pour la prise en charge des requérant-e-s d’asile non-accompagné-e-s (RMNA). Après plusieurs suicides à Genève, Yves de Matteis n’a pu que constaté que « Nous – pouvoir publics – n’avons pas toujours su faire face à la détresse de ces jeunes. On prend conscience des différents ressentis et de leurs conditions d’hébergement et de vie, souvent inadéquates, en lisant la bande dessinée « seuls en exil » réalisée par des dessinateurs locaux sur la base du témoignage de trois mineurs non accompagnés à Genève.  La commission quasi-unanime a rédigé une motion de commission prenant en compte des éléments nouveaux. »
  • A travers la motion M 2499, le parlement s’est aussi prononcé sur le projet Porteous. Celui-ci est, pour Philippe de Rougemont « la preuve que la culture alternative et participative, plus agile, peut cohabiter avec de grandes institutions culturelles plus traditionnelles. L’un n’exclut pas l’autre. Un collectif de jeunes ont redonné vie a un bâtiment laissé vide pendant plus de 20 ans et l’État a ouvert une collaboration constructive. » Même si le Grand Conseil a refusé la motion, incitative, l’État lui soumettra un projet de loi pour sécuriser ce projet culturel exemplaire.
  • Enfin, sur la M 2927 demandant à interdire une libération des élèves le 14 juin, Laura Mach a dénoncé le traitement bâclé d’une motion inutile. En effet, « le directeur du secondaire II relève qu’il n’y a eu aucun problème d’organisation particulière. Or il nous semble que le fait de libérer des élèves, que ce soit pour permettre la tenue de conseils d’établissement, pour participer à un projet pédagogique ou pour prendre part à un mouvement citoyen de forte ampleur, doit être laissée à la bonne appréciation des directeurs d’établissement, dont le rôle est de veiller à tenir compte des différents mouvements à l’œuvre dans leur école, afin de conserver une atmosphère bienveillante et propice aux apprentissages. »

Par Lara Atassi, députée